Des scientifiques britanniques veulent infecter des individus volontaires au Covid-19 dans l’objectif d’accélérer la recherche du vaccin.[1] Leur demande auprès des autorités britanniques s’appuie sur un guide de l’OMS du 6 mai 2019 qui autorise l’infection délibérée des personnes en bonne santé dans le but de trouver le vaccin.[2]
Ce guide de 19 pages établit le cadre sanitaire et les procédures à suivre pour mener à bien ces opérations. Sur le plan éthique, le document de l’OMS justifie notamment cette pratique par la circonstance que le nouveau coronavirus présente moins de risques pour la catégorie des 18 à 30 ans dont le taux d’hospitalisation serait estimé à environ 1% et celui de l’infection fatale autour de 0,03%.
L’infection volontaire des personnes en bonne santé aurait déjà été pratiquée dans le cadre de la recherche de vaccins contre le paludisme, la typhoïde et la grippe. Cependant, il existait des traitements disponibles pour ces maladies si un volontaire venait à tomber gravement malade. Tel n’est pas le cas du Covid-19 pour lequel aucun traitement n’existe officiellement. Cette pratique pourrait donc conduire à une détérioration grave de l’état de santé voire à la mort de certains volontaires. En matière d’essais cliniques, un vaccin qui occasionne un seul mort est immédiatement interrompu.[3] Ce standard qui vise à respecter la vie humaine devrait être également appliqué en l’espèce.
Par ailleurs, la connaissance encore incomplète de cette nouvelle maladie plaide contre cette pratique controversée. Plusieurs experts médicaux évoquent par exemple la possibilité de séquelles à vie sur les poumons, le cœur, le cerveau et d’autres organes chez les patients ayant souffert du Covid-19.[4] Plusieurs études concluent en ce sens.[5]
Il semble donc que le principe de précaution devrait prévaloir en l’espèce. S’il n’y a plus suffisamment de personnes malades du coronavirus, ce serait plutôt le signe que cette pandémie ne constitue pas une menace unique en son genre pour légitimer la vaccination généralisée voire obligatoire des populations.
[1] The Guardian, May 24, 2020, https://www.msn.com/en-us/news/technology/uk-scientists-want-to-infect-volunteers-with-covid-19-in-race-to-find-vaccine/ar-BB14wl2i?ocid=msedgntp; The Guardian, May 8, 2020, https://www.theguardian.com/science/2020/may/08/who-conditionally-backs-covid-19-vaccine-trials-that-infect-people
[2] Le guide de l’OMS est intitulé : “Key criteria for the ethical acceptability of COVID-19 human challenge studies” [Critères clés pour l’acceptabilité éthique des études de “test” humain relatives au COVID-19], https://www.who.int/ethics/publications/key-criteria-ethical-acceptability-of-covid-19-human-challenge/en/
[3] Sud Ouest, 7 janvier 2017, https://www.sudouest.fr/2017/01/07/essai-clinique-a-rennes-un-an-apres-l-accident-mortel-ou-en-est-biotrial-3085491-4696.php
[4] France 24, 3 avril 2020, https://www.france24.com/fr/20200403-m%C3%AAme-gu%C3%A9ris-certains-malades-du-coronavirus-garderont-des-s%C3%A9quelles-%C3%A0-vie
[5] The Sunday Times, March 15, 2020, https://www.thetimes.co.uk/article/even-coronavirus-survivors-can-be-left-with-lung-damage-that-takes-15-years-to-heal-msh8zmwtb ; South China Morning Post (SCMP), March 13, 2020, https://www.scmp.com/news/hong-kong/health-environment/article/3074988/coronavirus-some-recovered-patients-may-have ; The Lancet, February 15, 2020, https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)30183-5/fulltext
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