DU CONFLIT ENTRE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (RDC) ET LES FORCES DU MOUVEMENT DU 23 MARS (M23)

Le ministre rwandais des affaires étrangères a accusé la communauté internationale « d’exacerber » la crise dans l’est de la RDC.[1] Cette réaction intervient après la reprise des combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 qui ont repris les armes en novembre 2021. Selon le gouvernement congolais, le M23 se serait rendu coupable du massacre d’environ 300 personnes dont 17 enfants dans le village de Kishishe, dans le Nord-Kivu, le 29 novembre dernier.[2]

Lors d’une conversation téléphonique de ce dimanche 4 décembre avec le président rwandais Paul Kagame, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que « tout soutien externe à des groupes armés non étatiques en RDC doit cesser, y compris le soutien du Rwanda au M23 ».

Le Rwanda rejette cette accusation. Cependant, un rapport des experts de l’ONU a confirmé, en août dernier, l’intervention de l’armée rwandaise dans l’est de la RDC ainsi que son soutien militaire au M23.[3] Deux jours seulement après son échange avec Kagame, Blinken semble avoir été entendu : le M23 se déclare en effet prêt à « entamer le processus de désengagement et de retrait ».[4]

Si certaines de ses réalisations politiques contribuent à faire rayonner le Rwanda aujourd’hui, Paul Kagame devrait en revanche cesser d’utiliser le génocide des Tutsis de 1994 comme un fonds de commerce politique pour continuer à semer la désolation dans un pays voisin, propice au pillage de ses ressources naturelles.

Le gouvernement congolais doit exploiter la déclaration des autorités américaines et travailler à la transformer en gain politique. Il est néanmoins possible que cette position américaine résulte d’une demande occidentale faite au président congolais Félix Tshisekedi de renoncer à une collaboration militaire étroite avec la Russie. En octobre dernier, le président congolais a en effet écarté l’option d’un déploiement des forces russes pour combattre le M23.[5] Il aurait également renoncé à l’achat d’hélicoptères et d’équipements militaires russes.[6]

Cependant, l’instabilité à l’est de la RDC dure depuis 26 ans et les forces onusiennes ainsi que les pays occidentaux ont échoué dans leurs missions de pacification de la sous-région sur fond de pillage des minerais du Congo. Un partenariat rénové et renforcé avec la Russie peut jeter les bases d’une stabilité véritable et durable à l’est de la RDC. Les autorités congolaises seraient avisées de trouver des marges de manœuvre pour sortir des sentiers battus.


[1] Figaro, 6 décembre 2022, www.lefigaro.fr/flash-actu/le-rwanda-accuse-la-communaute-internationale-d-exacerber-la-crise-dans-l-est-de-la-rdc-20221206

[2] France 24, 6 décembre 2022, www.france24.com/fr/afrique/20221206-massacre-de-kishishe-le-gouvernement-de-rd-congo-%C3%A9voque-autour-de-300-morts

[3] France 24, 4 août 2022, https://amp.france24.com/fr/afrique/20220804-rd-congo-l-onu-confirme-des-attaques-de-l-armée-rwandaise-dans-le-pays

[4] Agence Ecofin, 7 décembre 2022, www.agenceecofin.com/securite/0712-103607-rdc-le-mouvement-rebelle-m23-se-dit-pret-a-entamer-le-processus-de-desengagement-et-de-retrait

[5] Financial Times, October 18, 2022, www.ft.com/content/8e720aa2-1cb3-474c-b4eb-805c03504f8f

[6] Africa Intelligence, October 27, 2022, www.africaintelligence.com/central-africa/2022/10/27/kinshasa-strikes-military-procurement-deal-with-moscow,109839008-eve ; Military Africa, October 31, 2022, www.military.africa/2022/10/drc-buys-russian-helicopters-to-quell-m23-rebellion/ ; Actualité cd, 1er novembre 2022, https://actualite.cd/2022/11/01/rdc-aucun-accord-dachat-darmes-et-dhelicopteres-na-ete-conclu-avec-la-russie-patrick ; Media Congo, 27 octobre 2022, www.mediacongo.net/article-actualite-112761_retour_de_paix_dans_l_est_la_rdc_commande_sept_helicopteres_militaires_russes.html.

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