Par sa nature pandémique et son ampleur médiatique, par sa particulière contagiosité et la gravité des mesures déployées de façon globale pour y faire face (fermeture des frontières ou confinement des populations dans la majorité des pays), le COVID-19 a engendré trois (3) principales crises dans la société : une crise sanitaire, une crise économique et une crise politique ou démocratique. La crise sanitaire[1] serait en phase de terminaison[2] au regard de la baisse dans la majorité des pays du nombre des contaminations, des hospitalisations et de la mortalité. La crise économique serait en phase d’invasion au regard de la faillite de plusieurs entreprises et de la montée exponentielle et historique du taux de chômage. Quant à la crise politique ou démocratique, elle serait en phase d’incubation, se caractérisant en particulier par l’adoption des solutions de traçage numérique dans la lutte contre le nouveau coronavirus. Dans certaines régions du monde, cette crise politique pourrait également se traduire par une instabilité institutionnelle causée par une crise économique plus profonde. Si la crise sanitaire compte parmi ses principaux acteurs les grandes sociétés pharmaceutiques (Big Pharma), la crise politique ou démocratique met en évidence les géants de la technologie (Big Tech). Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont marqué une ère nouvelle : celle de la révolution numérique. Connue comme la quatrième révolution industrielle, la révolution numérique a apporté une contribution multiforme considérable dans la modernisation des différents secteurs d’activités et dans l’amélioration des conditions de vie dans la société. Toutefois, l’usage de la technologie sans considération éthique peut transformer cet outil en une arme contre les libertés individuelles voire contre l’humanité dans son identité et sa dignité.
I. Le traçage numérique de la population comme moyen de lutte contre le COVID-19
1. Contours et acteurs du traçage numérique
Le traçage numérique est une technique d’observation des personnes ou objets en mouvement et de récolte des données de localisation destinées à un traitement particulier. Le traçage numérique a été présenté comme un des instruments de la lutte contre le COVID-19. De façon générale, il consiste à tracer ou géolocaliser les malades, à diffuser ces informations aux populations pour leur permettre d’éviter les zones de contamination ou, lorsque celles-ci ont été à proximité de malades, à les inviter à se rapprocher des autorités sanitaires.
Plusieurs pays ont mis au point cette technologie. En occident, c’est le partenariat entre Google et Apple annoncé en avril 2020 qui a défrayé la chronique. Les deux géants font partie intégrante du groupe des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) dont la capitalisation boursière est évaluée au montant pharaonique de 5.000 milliards de dollars.[3] Le partenariat entre les deux sociétés porte sur le lancement d’un système de traçage par contact (contact-tracing system) fonctionnant à partir de la technologie Bluetooth et opérationnel sur les téléphones portables iOS (Apple) et Android (Google).[4] Ce partenariat prévoit la délivrance en mai aux autorités sanitaires des interfaces de programmation d’application ou APIs (application programming interfaces) pour assurer notamment l’interopérabilité entre les portables iOS et Android. Le partenariat prévoit ensuite pour les mois prochains une solution plus performante : la mise en place d’une plateforme de traçage par contact reposant sur la technologie Bluetooth. En somme, si les autorités nationales de santé devront mettre au point leurs applications, la grande partie de la technologie est mise en place et contrôlée par Google et Apple. Les solutions proposées sont censées permettre aux autorités sanitaires de réduire l’expansion du virus et d’accélérer le retour à une vie normale.
Google offre une illustration de cette technologie. Un individu A se trouve à proximité d’un individu B pendant 10 minutes. Leurs téléphones se connectent automatiquement et s’échangent d’identifiants. Quelques jours plus tard, l’individu B est diagnostiqué positif au COVID-19. Il insère ses résultats dans l’application dédiée téléchargée sur son portable. Son portable télécharge alors dans lecloud la liste des données des portables des personnes avec qui il a été physiquement en contact les 14 derniers jours. De son côté, l’individu A télécharge régulièrement sur son application les données anonymes actualisées de tous les malades testés positifs dans sa région. Lorsqu’une correspondance est établie entre lui et l’individu B qu’il a rencontré des jours plus tôt, il reçoit alors sur son portable une notification des autorités sanitaires sur les démarches à entreprendre.[5]
L’implication des GAFAM dans le secteur de la santé n’est pas nouveau. Dans le passé, ce secteur était strictement réservé aux professionnels de la santé. Depuis plusieurs années, les GAFAM sont devenus des principaux acteurs de l’industrialisation des soins de santé. Ainsi, Google, Amazon et Microsoft ont investi dans le marché du cloud de santé dont ils sont d’ailleurs les principaux acteurs. Alphabet (Google) se concentre sur l’intelligence artificielle pour piloter la médecine de précision. L’entreprise a conclu des partenariats avec des startups et des compagnies pharmaceutiques pour développer des dispositifs bioélectroniques. Apple se concentre sur les initiatives de recherche clinique via la technologie portable -accessoires électroniques tels que les montres connectées et autres dispositifs permettant de monitorer son état de santé. Amazon se prépare à révolutionner les domaines de la pharmacie, des soins virtuels et de la télésanté.[6] Facebook pourrait également jouer un rôle dans la prévention et l’éducation en matière de santé. En octobre 2019, l’entreprise a annoncé son entrée dans le secteur des outils de santé digitale personnels.[7]
Sur le plan idéologique, la coopération des GAFAM avec des gouvernements, comme il a été précisé plus haut entre Google/Apple et les autorités sanitaires, est une approche qui s’inscrit dans le concept de capitalisme créatif, défini et promu par Bill Gates lors de son discours au Forum de Davos de 2008 : « le capitalisme créatif [est] une approche par laquelle les gouvernements, les entreprises et le secteur non-marchand collaborent pour étendre le champ des forces du marché, afin que davantage de gens puissent faire du profit (…) ».[8] Ainsi, il n’est pas incohérent de considérer que le partenariat Google/Apple avec les différents pays représente un moyen pour ces entreprises de renforcer leur position sur le marché de la santé.
Par ailleurs, appliqué notamment à la philanthropie, Bill Gates illustre le capitalisme créatif en ces termes : « le profit n’est pas toujours possible lorsque des entreprises essaient d’aider les pauvres. Dans ces cas, il doit y avoir un autre stimulant basé sur le marché. Ce stimulant, c’est la reconnaissance. La reconnaissance rehausse la réputation d’une entreprise et plaît aux clients. Surtout, elle attire les bonnes personnes. La reconnaissance génère ainsi une récompense basée sur le marché pour bonne conduite ».[9] Autrement dit, le capitalisme créatif permet d’aider des populations pauvres tout en créant un marché pour faire ensuite du profit. Selon Bill Gates, les aides permettent aux entreprises de jouir d’une reconnaissance qui sera ensuite récompensée par le marché. Pour faire simple, la philanthropie est un moyen qui servirait à gagner de l’argent.
Enfin, la circonstance que Google et Apple sont des entreprises spécialisées dans le traitement des données personnelles pourrait engendrer des conflits d’intérêts au regard de leurs intérêts financiers dans le domaine de la santé. Ces sociétés pourraient en effet utiliser les données personnelles et médicales en leur possession pour accroître les profits générés par leurs activités dans le domaine de la santé. En théorie, ces sociétés pourraient également vendre ces données personnelles aux assureurs par exemple. En résumé, le traçage numérique dans le cadre du COVID-19 pourrait conduire les géants de la tech à renforcer leur influence et leur puissance dans le secteur de la santé, avec tous les risques d’abus que cela représente.
Il convient de noter que la technologie sur le traçage numérique ne constitue pas la seule intervention ou invention technologique des big tech dans le cadre de la crise sanitaire. Il semble que des réflexions en amont sur l’éclatement d’une pandémie future auraient été menées dans certaines de ces entreprises. Les GAFAM disposaient déjà des technologies pouvant tracer les téléphones portables et localiser des individus. C’est ainsi que Google peut suggérer à une personne tels restaurants se trouvant à sa proximité, que Facebook peut taguer le restaurant dans lequel cette personne se trouve ou que Apple peut indiquer à un individu le lieu où il a laissé son iPhone s’il le perd. Apple et Google ont désormais transformé cette masse de données en outils permettant de suivre le confinement et la distanciation sociale des populations dans plusieurs pays et villes du monde. L’outil mis en place par Google est accessible sur le lien https://www.google.com/covid19/mobility/. L’outil mis en place par Apple permet en outre de distinguer le pourcentage des personnes se déplaçant à pied, celui des personnes en voiture et celui des individus en transit : https://www.apple.com/covid19/mobility.
2. Regards croisés sur le traçage numérique de l’orient à l’occident
Les méthodologies de traçage numérique de la population diffèrent légèrement selon que l’on se situe en orient ou en occident. De façon générale, la protection de la vie privée et des données personnelles dont la violation conduit à la réduction des libertés individuelles est la thématique principale qui dresse la frontière entre les deux régions.
2.1 En Orient
En Asie, le traçage numérique comme moyen de lutte contre le COVID-19 revêt un caractère plus ou moins obligatoire selon les pays. En Chine, les autorités ont mis en place un traçage obligatoire à travers des applications qui permettent de vérifier si les personnes ont été ou non en contact avec des individus malades. Ces applications indiquent différents niveaux de risques pour les individus : les codes verts garantissent des déplacements illimités ; les codes jaunes exigent une mise en quarantaine de 7 jours ; et les codes rouges une mise en quarantaine de 14 jours. Les utilisateurs scannent des code-barres QR (Quick Response) pour partager l’information sur leur état de santé et l’historique de leurs déplacements. Ces codes-barres doivent être scannés pour monter dans les bus, les trains, pour entrer dans les aéroports, pour accéder à ses bureaux et même à son domicile dans un complexe immobilier.[10]
En Corée du Sud, les autorités sanitaires ont mis en place un système de traçage par contact appelé COVID-19 Smart Management System (SMS). Opérationnel sur des smartphones, ce système permet aux autorités d’analyser les mouvements des malades et des individus en quarantaine.[11] Les déplacements des malades sont publiés en ligne et presque tous les sud-coréens reçoivent des alertes leur notifiant la présence de malades autour d’eux. En outre, dès l’entrée sur le territoire national, les étrangers téléchargent une application sur laquelle ils doivent reporter de façon quotidienne d’éventuels symptômes. L’adoption généralisée du traçage numérique par la population locale s’explique par la crise du MERS qui a sévèrement touché le pays en 2012 et qui a conduit à la mise en place d’une législation nationale favorable. Néanmoins, la gestion du COVID-19 a montré les limites de la biosurveillance dans le pays. Dans plusieurs cas, les autorités ont divulgué de façon excessive les mouvements des malades en spécifiant à travers les médias le temps et les noms des lieux visités, des informations trop précises qui ont permis à la population d’identifier les malades. Certains restaurants ont par exemple expérimenté une perte de clientèle après le passage éclair d’un malade. En février 2020, une étude de l’Université nationale de Séoul révélait que la plus grande peur pour la population n’était plus la maladie, mais la stigmatisation sociale[12], avec le risque contre-productif de dissuader les personnes présentant des symptômes à se faire tester. Par ailleurs, si les citoyens reçoivent des messages automatiques, ils ne sont pas en revanche autorisés à se désinscrire.[13] En mars 2020, la commission nationale des droits de l’homme appelait ainsi les autorités sanitaires à respecter la protection de la vie privée.[14]
En Inde, le gouvernement a lancé une application appelée Aarogya Setu (pont sanitaire) qui utilise la technologie Bluetooth dans les mêmes objectifs susmentionnés et pouvant être résumés en trois points : tracer les malades du coronavirus ; tracer les individus avec qui ces malades ont été en contact ; et permettre à la population de vérifier les cas de contamination dans leur localité. Il existerait néanmoins des réticences en Inde liées à la violation de la vie privée. Le gouvernement a annoncé 75 millions de téléchargements de l’application[15], mais ce chiffre ne représente encore que près de 5% de la population. Il n’existerait pas d’obligation de téléchargement fixée par le gouvernement fédéral ou par les Etats fédérés. En revanche, certaines collectivités locales auraient imposé cette obligation.[16] De manière générale, la réussite des pays d’Asie dans la lutte contre le COVID-19 n’est pas seulement liée au traçage numérique, mais surtout au recours massif des tests et à la chloroquine.[17]
2.2. En Occident
Dans les pays occidentaux, le traçage numérique est fondé sur une approche exclusivement volontaire en raison du droit au respect de la vie privée qui inclut la protection des données personnelles et le respect de la confidentialité de la correspondance et des communications. Aux Etats-Unis, les méthodes de traçage posent des questions de compatibilité avec le 4e amendement de la Constitution qui garantit la non-intrusion des autorités dans la vie privée. Dans le cadre de la crise sanitaire du COVID-19 et comme précisé plus haut, Google et Apple ont conclu un partenariat pour la mise au point d’une technologie de traçage des patients. Cependant, le Président Donald Trump y a émis des réserves. Il a ainsi affirmé que le traçage numérique posait des problèmes constitutionnels.[18] Le gouvernement devrait préciser sa position dans les jours qui suivent.
Par ailleurs, le Washington Post, l’un des principaux titres de presse américains, a réalisé en partenariat avec le centre pour la démocratie et l’engagement civique de l’Université du Maryland (Post-U. M.d. Poll) un sondage sur la perception des américains concernant la technologie développée par Google et Apple, en collaboration avec les autorités sanitaires et des chercheurs. Le sondage révèle que la majorité des américains sont opposés à cette solution. De façon générale, les citoyens reprochent aux deux géants de la tech des antécédents de gestion non rigoureuse des données personnelles des usagers. Google et Apple avaient d’abord qualifié les applications de systèmes de “traçage par contact” avant de parler, dans un effort de communication, d’applications de “notification d’exposition”.
D’autres aspects du sondage sont en revanche assez singuliers. Le sondage analyse que la volonté des américains d’accepter ou non un système de traçage dépend de leur niveau d’appréhension du coronavirus. Il analyse que les citoyens seraient plus favorables si le système de traçage est élaboré par des universités réputées ou par les autorités sanitaires plutôt que par les géants de la tech. En outre, cette analyse inclut un autre sondage de la Fondation Kaiser Familly qui montre que les américains sont plus enclins à accepter un système de traçage lorsqu’il leur est précisé que celui-ci est censé permettre la réouverture de l’économie.
Ces dernières précisions sont assez singulières parce qu’elles ne reflètent pas une neutralité totale des sondeurs. Il se dégage en filigrane l’idée selon laquelle une meilleure communication consistant à insister sur la dangerosité de la crise sanitaire, à mettre plus en avant les chercheurs et les autorités sanitaires plutôt que Google et Apple et à mettre l’accent sur la nécessité du système de traçage pour une réouverture de l’économie, devrait emporter l’acceptation de la majorité des américains. Il se dégage ainsi l’impression que certaines spécifications du sondage auraient pour but d’anticiper et de contourner le refus de la population. C’est dans ce sens que s’inscrit la recommandation de Washington Post : « le sondage Post-U. M.d. suggère fortement aux compagnies de la tech, aux chercheurs et aux autorités sanitaires développant les applications d’alerte la nécessité de mener une importante campagne d’éducation publique pour obtenir un usage généralisé de la technologie ».[19] Pourtant, une campagne de sensibilisation ou une stratégie de communication ne constitue pas une solution. Le débat sur le traçage numérique devrait avant tout être posé sur le plan constitutionnel au regard du respect de la vie privée et de la protection des données personnelles.
Enfin, en Europe, l’argument selon lequel la mise en place du traçage numérique va permettre la réouverture de l’économie a été utilisé au plus haut sommet. Après un appel, en avril 2020, avec Tim Cook, CEO d’Apple, Thierry Breton, commissaire européen pour le marché intérieur, qualifiait ainsi les systèmes de traçage numérique « d’applications de déconfinement ».[20] Début avril 2020, la Commission européenne a appelé à une approche pan-européenne dans l’utilisation des technologies mobiles contre le nouveau coronavirus.[21] Il est intéressant de souligner la frilosité de la Commission européenne dans la définition d’une réponse coordonnée entre les Etats pour sauver des vies au plus profond de la crise sanitaire d’une part, et sa promptitude dans l’orientation des pays vers l’adoption des technologies de traçage -celles proposées par Google et Apple- qui mériteraient un débat de fond au regard des atteintes démocratiques potentielles d’autre part.
Une initiative européenne conduite par l’Allemagne a ainsi vu le jour sous le nom de Pan-European Privacy-Preserving Proximity Tracing ou PEPP-PT. L’initiative rassemble plusieurs organisations scientifiques et vise la mise au point d’une technologie digitale capable de tracer les personnes infectées par le biais d’applications de téléphones portables. Cette technologie utilisera le Bluetooth pour cartographier de façon anonyme les contacts entre les individus infectés et la population. Cependant, une scission s’est opérée entre les tenants d’une approche centralisée qui vise à stocker et à traiter les données récoltées sur un serveur contrôlé par une autorité nationale de santé et ceux qui défendent une approche décentralisée, caractérisée par un stockage des données sur le portable que l’utilisateur peut ensuite volontairement télécharger en cas d’infection au COVID-19.
La Commission européenne, plusieurs pays européens ainsi qu’un groupe de 250 scientifiques se sont prononcés pour la décentralisation qui offrirait une meilleure protection des données personnelles. Dans une lettre publiée le 19 avril 2020[22], ces différents experts craignent une atteinte à la vie privée ou une surveillance de masse sans précédent. Les critiques tournent autour de la question de savoir si les données sensibles seraient conservées en toute sécurité sur les appareils ou stockées sur un serveur central d’une manière qui pourrait permettre à un mauvais acteur de reconstituer l’enregistrement des lieux et moments de rencontre entre les individus malades et les individus sains.[23] La décentralisation est surtout défendue en Europe par Google et Apple qui collaborent sur le projet pour garantir le fonctionnement des nouvelles applications. Certains affirment qu’une application ne pourrait fonctionner de façon optimale sans l’accord des deux géants de la tech. Google et Apple restreignent en effet la manière dont les applications peuvent utiliser le Bluetooth dans iOS et dans Android. Google et Apple optent pour la décentralisation en invoquant la nécessaire protection des données personnelles. D’aucuns pourraient néanmoins légitimement douter d’une défense sérieuse de la protection de la vie privée par les deux géants dont les antécédents ne plaident pas en ce sens.
De leur côté, l’Allemagne, la France et l’Angleterre optent pour la centralisation. Selon Chris Boos, spécialiste IT et conseiller du gouvernement allemand, il n’appartient pas à des experts de la tech de dicter aux gouvernements la gestion épidémiologique de la pandémie. Il affirme que Google et Apple devraient permettre une liberté de choix entre un stockage centralisé et décentralisé. Il est rejoint par Julian Teicke, CEO de WeFox, qui déclare que le stockage de données sur des smartphones individuels n’est pas du tout décentralisé. Selon lui, cette approche ferait que Google et Apple soient les seuls acteurs à avoir accès aux données, leur conférant encore plus de pouvoir.[24] Toutefois, le 26 avril 2020, l’Allemagne se ravise et décide de soutenir l’approche défendue par Google et Apple.[25] Seuls deux principaux pays défendraient encore la centralisation : le Royaume Uni et la France.
Dans le droit fil du Brexit, le Royaume Uni affirme sa souveraineté sur le traçage numérique en maintenant un système centralisé contrôlé par le National Health Service ou NHS. Néanmoins, certains experts estiment que l’application NHS étant incompatible aux APIs en cours de développement par Google et Apple, son efficacité serait probablement limitée. Pour écarter les critiques sur les risques de mauvaise utilisation des données recueillies, le gouvernement britannique a répondu que si le NHS n’était pas le seule à accéder aux données recueillies, d’autres organisations ayant un intérêt légitime en matière de santé publique, faisant certainement allusion à Google et Apple mais sans le dire explicitement, pourraient y avoir accès.[26] La centralisation permet en outre aux autorités sanitaires d’avoir des informations plus détaillées pour identifier les contaminations et les contenir rapidement. S’agissant de la France, une application dénommée StopCovid est annoncée pour le 2 juin prochain et n’aurait pas a priori recours aux plateformes d’Apple et de Google.[27]
Il convient de rappeler que depuis le début du mois de mai, le contexte sanitaire révèle que la pandémie touche à sa fin. Les données statistiques de la maladie sont en nette baisse partout dans le monde et il n’y a de seconde vague du COVID-19 dans aucun pays au monde.[28] Force est de constater que malgré cette réalité, l’attention reste focalisée en Europe sur la centralisation ou la décentralisation et sur un débat relativement hâtif, nonobstant le fait que les deux approches ne font qu’entériner une étape supplémentaire dans l’accroissement des risques attentatoires à la vie privée et aux données personnelles. Il existe pourtant des méthodes alternatives à la mise en place du traçage numérique qui auraient pu également faire partie du débat. La Belgique a ainsi opté pour un “call center” au lieu du traçage numérique.[29] La Suède n’a pas non plus opté pour le traçage. Ce pays s’est remarquablement distingué dans la gestion de la crise sanitaire. En effet, sans déclaration de l’état d’urgence et sans confinement de sa population, la Suède est parvenue à faire face au coronavirus. Le taux de mortalité y a été plus bas qu’en France, en Belgique, en Italie, en Hollande, en Espagne et au Royaume Uni.[30]
II. L’impact politique des géants de la technologie dans la crise sanitaire
1. Risques de violation de la protection de la vie privée et des données personnelles
Le traçage numérique pose la question principale du respect de la vie privée, elle-même liée à celle de la liberté. De façon globale, la protection de la vie privée a été affirmée en 1948 par la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies en ces termes : « Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes » (article 12). La vie privée est un concept vaste qui inclut la protection des données personnelles dont les données médicales (secret médical). La protection des données personnelles pose la question de la collecte, du traitement, du partage, du stockage et de l’utilisation des données. Avec l’internet et la digitalisation, le grand défi porte en l’espèce sur l’utilisation des données personnelles par les entreprises de l’économie numérique ou par les gouvernements.
Dans le cadre de la crise sanitaire, le traçage numérique entraînera une collecte et un échange de données personnelles considérables. Dans l’approche de la centralisation, les données personnelles et médicales des malades du COVID-19 sont téléchargées sur un serveur central contrôlé par une autorité nationale. Dans l’approche de la décentralisation, ces données personnelles et de santé sont téléchargées dans le cloud, c’est-à-dire sur des serveurs physiques distants et accessibles par internet, détenus par les acteurs du cloud dont les trois leaders mondiaux sont Amazon (AWS), Microsoft (Azure) et Google. Autrement dit, une fois les données sont transférées par les malades dans le cloud ou dans un serveur pour envoi à la population, il n’est pas techniquement impossible aux gestionnaires du cloud ou du serveur d’y avoir accès.[31] En matière de gestion des données personnelles, quatre risques peuvent se présenter : la mauvaise utilisation des données par les GAFAM, la vente ou la rentabilisation de ces données, la collaboration abusive avec les agences de renseignement ou le piratage des données par des hackers. En matière de données personnelles de santé, des études indiquent que les dossiers médicaux électroniques ont cent fois plus de valeur monétaire que les cartes de crédit volées.[32] Google et Apple résisteront-ils à la tentation de croquer le fruit de la connaissance des données de santé ? La réponse serait plutôt négative. Apple croquera assurément la pomme car telle est sa philosophie. Par ailleurs, Google, tout comme Microsoft et Amazon, investit déjà dans le marché de la santé et en particulier dans celui du cloud de santé. L’histoire montre que les données personnelles ont souvent été mal utilisées ou mal protégées par les GAFAM[33] dont le « business model » inclut la vente aux annonceurs ou du moins la monétisation des données personnelles des usagers. En somme, lorsque les utilisateurs ne sont pas des clients, ils sont généralement le produit.
Il est certain que le recours au traçage numérique dans la crise sanitaire constituerait et entérinerait une étape supplémentaire dans l’accroissement des risques attentatoires à la vie privée et aux données personnelles. Même les partisans les plus fervents du traçage numérique en occident évoquent la nécessaire protection de la vie privée, ce qui révèle en l’espèce la pertinence et la légitimité de cette question.
En dehors de la méfiance des peuples à l’égard des géants de la tech[34], le traçage numérique pose également la question politique de la confiance au gouvernement : Quel usage réel le gouvernement ferait-il des données recueillies ? Des abus sont-ils possibles ? L’application sera-t-elle réellement temporaire ? En France par exemple, la mauvaise gestion liée aux masques, aux respirateurs, aux tests voire à l’hydroxychloroquine pendant la crise sanitaire est encore très présente dans les esprits. Une application de traçage numérique contribuerait à renforcer la défiance du peuple, incompatible avec un climat politique sain. En outre, dans les sociétés collectivistes comme la Chine, l’Inde et la Corée du Sud, le besoin de jouissance de la vie privée est moins affirmé que dans les pays occidentaux. La société américaine, par exemple, a été organisée de façon à se prémunir ou à s’opposer à toute forme d’abus du gouvernement. L’utilisation affirmée et affichée par le gouvernement des technologies de géolocalisation pour identifier l’emplacement et tracer les citoyens y serait une expérience nouvelle.
En résumé, l’ouverture en urgence d’un débat public approfondi pour une décision susceptible d’avoir des conséquences constitutionnelles est nécessaire. Ce débat démocratique qui devrait associer les citoyens est d’autant plus indispensable que l’efficacité des applications de traçage dépend de la volonté de la population de les télécharger et de les utiliser. En l’absence d’une base d’utilisateurs assez grande[35], cette solution est de toute façon vouée à l’échec.
2. Autres interventions des Big Tech dans la crise sanitaire
Dans le cadre de la crise sanitaire, le rôle des big tech ne se limite pas au traçage numérique. Alors que l’attention est focalisée en France sur l’application StopCovid, le gouvernement a autorisé la mise en place anticipée du Health Data Hub, une plateforme qui doit centraliser l’ensemble des données de santé et qui est hébergée par Microsoft. Cette décision a conduit la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) à évoquer le risque d’une fuite des données de santé vers les Etats-Unis. Dans un avis n° 2020-044 du 20 avril 2020, la CNIL relève que « les dispositions contractuelles de sous-traitance conclues entre la Plateforme des données de santé et le prestataire chargé de l’hébergement des données, stipulent que les données traitées peuvent être transférées vers les États-Unis pour y être stockées et traitées ». Cet avis précise également que : « La Commission [CNIL] prend (…) acte de ce que les données stockées seront chiffrées avec des algorithmes à l’état de l’art à partir de clés générées par les responsables de la Plateforme sur un boîtier chiffrant maitrisé par la Plateforme des données de santé. La Commission relève toutefois qu’afin de bénéficier de toutes les capacités de la solution technique de l’hébergeur [Microsoft] ces clés devront lui être confiées. Elles seront conservées par l’hébergeur au sein d’un boîtier chiffrant, ce qui a pour conséquence de permettre techniquement à ce dernier d’accéder aux données ».[36]
L’intervention des GAFAM dans la crise sanitaire ne peut être dissociée de leurs investissements financiers dans le domaine de la santé, domaine dans lequel ils sont devenus des acteurs majeurs. Cette nouvelle donne place les big tech dans des conflits d’intérêts potentiels. Plusieurs ont ainsi constaté une montée en puissance des désactivations ou des suppressions par YouTube, compagnie détenue par Google, des contenus vidéos en lien avec la crise sanitaire.
Ainsi, fin avril 2020, YouTube a supprimé une vidéo de deux médecins de Californie, Dr. Dan Erickson et Dr. Artin Massihi, qui mettaient notamment en évidence le taux de mortalité extrêmement faible du nouveau coronavirus en Californie et appelaient en conséquence au déconfinement.[37] Cette vidéo est devenue virale avec 5,4 millions de vues avant d’être supprimée par YouTube. Pour justifier les suppressions des vidéos, YouTube évoque notamment la circonstance que les propos tenus vont à l’encontre des préconisations des autorités sanitaires locales. Cependant, la position des deux médecins qui appelaient au déconfinement était conforme à celle alors exprimée par le gouvernement fédéral. De plus, les recommandations émises par les autorités sanitaires ne devraient pas priver des médecins d’user de leur liberté de conscience et d’expression garantie par la constitution. Le conflit d’intérêt apparait ici dans l’intérêt que peut disposer Google de ralentir le déconfinement en attendant la mise au point de sa technologie de traçage numérique développée avec Apple, une technologie présentée comme devant permettre justement le déconfinement.
En mars 2020, c’est une étude chinoise et sud-coréenne sur l’hydroxychloroquine ayant produit des résultats encourageants contre le COVID-19 qui était supprimée par Google dans Google Drive. Le motif avancé par Google est la violation des termes de services de la compagnie.[38] En l’espèce, Google détient une fois de plus un intérêt financier dans la mise en place de la technologie permettant de tracer les malades du COVID-19. Or un sondage réalisé auprès de 6.000 médecins dans le monde[39] a révélé que l’hydroxychloroquine était le traitement le plus efficace contre le COVID-19.[40] La reconnaissance immédiate de l’efficacité de ce médicament pourrait être de nature à compromettre la nécessité absolue du traçage numérique.
S’agissant de l’hydroxychloroquine, un autre géant de l’internet, Twitter, a procédé à la suspension de comptes à plusieurs reprises. L’un des cas les plus emblématiques est sans doute la suspension du compte de l’avocat personnel de Donald Trump et ancien maire de New York, Rudy Giuliani[41] au motif qu’il faisait de la désinformation autour du COVID-19. Il lui est exactement reproché dans son tweet du 27 mars 2020 de parler d’un médicament, l’hydroxychloroquine, qui n’était pas conseillé par les autorités sanitaires. Par la suite, d’autres médecins ayant administré avec succès de l’hydroxychloroquine à leurs patients en auraient également fait les frais sur Twitter. Force cependant est de constater que le président Donald Trump, à la tête des autorités sanitaires, avait lui-même affirmé le 24 mars 2020[42] dans un point de presse officiel que l’hydroxychloroquine pouvait avoir un énorme impact positif dans le combat contre le COVID-19. De plus, la motivation de Twitter devenait totalement inopérante à partir du moment où l’agence des médicaments et des aliments américaine (FDA) avait autorisé l’hydroxychloroquine dans la lutte contre le COVID-19 le 29 mars 2020.[43] Il apparait en l’espèce que c’est Twitter qui n’était plus en accord avec les autorités sanitaires, une situation manifestement plus grave pour une organisation que pour des individus exerçant leur liberté de conscience et d’expression.
En outre, le 29 mars 2020, le jour où la FDA autorisait l’hydroxychloroquine, Twitter a supprimé des tweets du président brésilien Jair Bolsonaro dans lesquels il parlait positivement de l’hydroxychloroquine et encourageait la fin des mesures d’isolement dans le pays. Le 30 mars 2020, les contenus vidéos du président brésilien qui étaient encore disponibles sur Facebook et Instagram sont également supprimés par ces derniers au motif qu’ils violaient les standards communautaires de ces plateformes sociales.[44] La semaine d’avant, c’est un tweet du président vénézuélien Nicolás Maduro que Twitter avait supprimé au motif qu’il promouvait un remède naturel[45] contre le COVID-19.[46]
Début mai 2020, YouTube supprimait de nouveau une vidéo virale intitulée Plandemic.[47] La vidéo porte sur le témoignage de Dr. Judy Mikovits, ancienne collègue de Dr. Anthony Fauci qu’elle critique vivement. Dr. Fauci est le principal membre de la cellule de crise connu pour contredire le président, rejeter l’hydroxychloroquine et louer une solution vaccinale à l’instar de Bill Gates dont il est très proche. En 2014, il avait notamment autorisé l’octroi de 3,7 millions de dollars au laboratoire de Wuhan suspecté d’être à l’origine du nouveau coronavirus.[48] Dans la vidéo publiée sur YouTube, Mikovits affirmait la dangerosité du vaccin contre le nouveau coronavirus. A la suite de la suppression de cette vidéo, Twitter annonce également avoir bloqué ses utilisateurs d’utiliser les hashtags #Plandemicmovie et #PlagueOfCorruption, allusion au titre de l’ouvrage publié le 14 avril 2020 par Dr. Judy Mikovits.
Sans qu’il soit besoin de se prononcer sur la spécificité de chacune des suppressions de contenus par les big tech, le nombre croissant de ces suppressions témoigne d’un sérieux malaise dont certains qualifient de censure. Les big tech ne devraient pas céder à la tentation de s’ériger en ministères de la vérité dignes du roman 1984 de George Orwell. En règle générale, il n’appartient pas à une entreprise privée qui détient des intérêts financiers sur le marché, qui vise le profit, qui n’est doté d’aucune mission de service public ou d’intérêt général, de s’arroger le droit de restreindre voire d’éteindre la liberté d’expression garantie par la constitution. En dehors des contenus qui tombent sous le coup de la loi, la liberté d’expression relève de l’appréciation du juge. De plus, dans leur ensemble, les citoyens sont capables de juger et de discerner sans qu’il soit besoin de leur dicter ce qu’il convient de penser ou non. La liberté de pensée inclut celle de penser de façon erronée. Au regard de la puissance financière colossale des GAFAM, il convient de rappeler que le volume des billets de banque ne doit pas avoir plus d’épaisseur que celui des pages de la constitution. Comme toute nation au monde, les Etats-Unis ont une gloire et une faiblesse. Cette faiblesse est une forme de déchéance, une tentation qui se caractérise par des failles historiques, systémiques et spécifiques que chaque nation doit continuellement combattre. L’histoire des États-Unis en révèle deux : le racisme avec pour point d’orgue la guerre de sécession qui a failli diviser le pays en deux, et l’argent.
La tentation de faire taire les populations dans un système démocratique contribue à produire des effets inverses et finit par desservir toute la société. Il n’appartient pas aux sociétés de l’internet de prendre position sur le plan idéologique ou politique. Les plateformes électroniques doivent être le reflet de la neutralité et de l’impartialité des idées diverses et variées qui émanent du terrain. En octobre 2019, au plus fort des manifestations de la population de Hong Kong contre le gouvernement chinois, Apple lance une application permettant de tracer les mouvements de la police, avant de la retirer.[49] Cette décision noble en apparence n’est pourtant pas dénuée de toute neutralité politique. Imaginons un instant le cas contraire d’un mouvement monté de toutes pièces pour renverser un Etat légitime d’un côté, et de l’autre, des responsables corrompus à la tête d’une multinationale qui décide de s’y impliquer pour déstabiliser cet Etat. Cette intervention politique serait une menace contre la démocratie et contre les peuples.
Conclusion
La crise sanitaire du COVID-19 dont les statistiques révèlent désormais qu’il n’est pas plus mortel que plusieurs autres maladies qui sévissent déjà dans le monde, risque a contrario de plonger les nations dans une toute nouvelle ère dont le traçage numérique étendu en occident est le symbole prophétique. Le 11 septembre 2001 à New York, deux avions s’écrasent sur les tours jumelles. Les tours s’écroulent, avec elles un pan entier des libertés individuelles. Aux Etat-Unis, le Patriot Act est adopté en octobre 2001 et ce séisme juridique produit des répliques dans d’autres pays occidentaux. Le Patriot Act préconise des mesures spéciales et provisoires de lutte contre le terrorisme, à l’encontre des garanties constitutionnelles.[50] Pourtant, en 2020, soit 19 ans plus tard, certaines dispositions de ce texte sont toujours en vigueur. Le 13 novembre 2015, la France est frappée par des attentats terroristes. L’état d’urgence est déclaré, puis prolongé plusieurs fois. L’état d’urgence prend fin en novembre 2017, mais ses dispositions attentatoires aux droits et aux libertés individuelles sont reprises dans la nouvelle loi antiterroriste.[51] Ces expériences montrent la forte probabilité que certaines dispositions légales temporaires adoptées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire finissent pas entrer dans le droit commun. En 2001, la motivation de la réduction des libertés publiques était la sécurité publique. En 2020, la motivation de la réduction des libertés publiques serait la santé publique. Dans les deux cas, l’entorse portée aux libertés et à la démocratie conduit peu à peu les peuples dans un monde nouveau.
Si la crise sanitaire du COVID-19 a conduit le monde dans une expérience nouvelle, avec le confinement de milliards d’individus, l’humanité a néanmoins survécu à des épreuves plus difficiles comme les deux guerres mondiales. La crainte ne doit pas légitimer les décisions publiques les plus insensées qui soient, comme celle d’une vaccination générale de la population mondiale. S’agissant précisément du traçage numérique, l’accent ne devrait pas être mis dans une offre supplémentaire de données personnelles aux GAFAM, mais dans leur rétention autant que cela est possible. De façon générale, la tendance moderne et civilisationnelle serait dans la réduction de la puissance des GAFAM et non dans le renforcement de cette puissance. Ces compagnies n’auraient jamais atteint leur position actuelle sans des milliards d’investissements publics préalables du gouvernement américain. Ces investissements publics de départ, la récolte de données personnelles abondantes, la nature de certaines plateformes sociales qui sont devenues des bouts d’identités individuelles rendent indispensable une réflexion publique innovante.
Enfin, du traçage numérique au marquage numérique et/ou biologique, la frontière est mince. En décembre 2019, un article du journal Le Monde Afrique, partenaire de la Fondation Bill et Melinda Gates, annonce que des ingénieurs du MIT financés par Bill Gates ont inventé des nanoparticules injectables sous la peau à travers la vaccination et visibles sur smartphone. Le but visé est de confirmer qu’une personne a été vaccinée. Ayant testé ce nouveau système uniquement sur des rats, les chercheurs du MIT espèrent ensuite le tester en Afrique dans les 2 prochaines années. La Fondation Bill et Melinda Gates a lancé des enquêtes d’opinion au Kenya, au Malawi et au Bangladesh pour déterminer si les populations seront prêtes à adopter ces nanoparticules.[52]
Injectées sous la peau, les nanoparticules émettent notamment une lumière fluorescente invisible à l’œil nu, mais visibles par un smartphone. Elles permettent ainsi, comme le souligne l’article du Monde Afrique susmentionné, un « marquage » des individus vaccinés. Dans le cadre du vaccin contre le coronavirus, Bill Gates a affirmé son souhait de voir vacciner les 7 milliards d’individus que compte la planète.[53] En France, Emmanuel Macron a déclaré que le vaccin contre le COVID-19 devrait être « un bien mondial de l’humanité ». Il a ajouté qu’un sérum contre le COVID-19 serait « un bien public mondial unique du 21e siècle ».[54] Il est alors légitime de se poser la question suivante : Ce projet de vaccination de la population mondiale vise-t-il également à marquer les êtres humains ?
Imaginons désormais le scenario ci-après. Dans les années 2030, une nouvelle pandémie du coronavirus éclate.[55] La panique est à son comble, tout le monde a en mémoire la crise sanitaire de 2020, les morts et la crise économique qui en ont résulté. Les médias mainstream annoncent qu’il s’agit du COVID-19 et que l’on a plus d’autre choix que d’utiliser en urgence un vaccin sur les populations, en l’absence d’autres solutions thérapeutiques sûres et efficaces. Ce vaccin aurait été mis au point dans les années qui avaient immédiatement suivi la crise de 2020. Imaginons alors que les autorités politiques, souhaitant apaiser une partie de la population opposée à une vaccination obligatoire, rassurent qu’aucun citoyen n’est obligé de se faire vacciner. Toutefois, ces autorités pourraient nuancer leur propos en disant que : « Dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, pour toute personne désirant se rendre dans des lieux publics, les supermarchés par exemple, il sera strictement procédé à la vérification par smartphone de leur vaccination pour des raisons évidentes de protection de la santé publique ». Certains actes d’achat ou de vente ordinaires ne pourraient plus être possibles sans posséder la marque des nanoparticules citées plus haut ou d’une technologie alternative dans le corps attestant de la vaccination, ce qui rendrait de fait la vaccination quasi-obligatoire. Que dire alors si le vaccin a de graves effets indésirables, ce qui s’est déjà produit dans nombre de cas.[56] De plus, que faire si les fabricants de vaccins ne peuvent pas être poursuivis en dommages-intérêts devant les tribunaux pour des troubles ou pour des morts attribués à leurs vaccins comme cela est déjà le cas aux États-Unis ?[57] Toutes les implications d’un tel scénario nous poussent à conclure que les nations devraient s’opposer au traçage et au marquage numériques et/ou biologiques d’êtres humains.
[1] « COVID-19 : Les vrais acteurs de la vaccination », 23 avril 2020, https://viewspost.com/covid-19-les-vrais-acteurs-de-la-vaccination/
[2] Les effets “infectieux” du COVID-19 sur la société sont décrits ici en termes médicaux : la période d’incubation marque le délai entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes de la crise politique ; la période d’invasion décrit la phase du début de la crise économique, du premier symptôme à la période d’état (symptômes au complet) ; la phase de terminaison correspond à la diminution puis la disparition des signes spécifiques de la crise sanitaire, https://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion, https://fr.wikipedia.org/wiki/Période_d%27incubation
[3] BFM Bourse, 6 janvier 2020, https://www.tradingsat.com/alphabet-google-US02079K1079/actualites/alphabet-google-les-gafam-valent-desormais-5000-milliards-de-dollars-en-bourse-894313.html
[4] Blog Google, April 10, 2020, https://www.blog.google/inside-google/company-announcements/apple-and-google-partner-covid-19-contact-tracing-technology/
[5] 9TO5Google, April 10, 2020, https://9to5google.com/2020/04/10/google-apple-covid-19-tracing/
[6] Business Insider, January 30, 2020,d https://www.businessinsider.com/big-tech-in-healthcare-report ; MD Connect, September 7, 2017, https://www.mdconnectinc.com/medical-marketing-insights/how-big-tech-is-going-to-disrupt-healthcare
[7] TechCrunch, October 28, 2019, https://techcrunch.com/2019/10/28/facebook-unveils-its-first-foray-into-personal-digital-healthcare-tools/
[8] “I like to call this “new system creative capitalism—an approach where governments, businesses, and nonprofits work together to stretch the reach of market forces so that more people can make a profit, or gain recognition, doing work that eases the world’s inequities”; Bill & Melinda Gates Foundation, January 14, 2008, https://www.gatesfoundation.org/media-center/speeches/2008/01/bill-gates-2008-world-economic-forum
[9] “Profits are not always possible when business tries to serve the very poor. In such cases, there needs to be another market-based incentive—and that incentive is recognition. Recognition enhances a company’s reputation and appeals to customers; above all, it attracts good people to the organization. As such, recognition triggers a market-based reward for good behavior”, https://www.gatesfoundation.org/media-center/speeches/2008/01/bill-gates-2008-world-economic-forum ; Solidaire, 25 février 2016, https://www.solidaire.org/articles/la-profitable-charite-de-zuckerberg-et-cie
[10] Deutsche Welle (DW), April 27, 2020, https://www.dw.com/en/coronavirus-tracking-apps-how-are-countries-monitoring-infections/a-53254234
[11] DW, https://www.dw.com/en/coronavirus-tracking-apps-how-are-countries-monitoring-infections/a-53254234
[12] The New Yorker, April 17, 2020, https://www.newyorker.com/news/news-desk/seouls-radical-experiment-in-digital-contact-tracing
[13]Aljazeera, April 8, 2020, https://www.aljazeera.com/news/2020/04/korea-smartphone-apps-tracking-coronavirus-won-stop-buzzing-200408074008185.html
[14] National Human Rights commission of Korea, March 9, 2020,
[15] DW, https://www.dw.com/en/coronavirus-tracking-apps-how-are-countries-monitoring-infections/a-53254234
[16] https://www.youtube.com/watch?v=pwyCQ0T74YA
[17] The Tennessee Star, March, 19, 2020, https://tennesseestar.com/2020/03/19/antimalarial-drug-chloroquine-shows-promise-in-treating-covid-19-coronavirus-in-china-south-korea/
[18] Business Insider, April 14, 2020, https://www.businessinsider.com/trump-apple-google-covid-19-tracing-tech-constitutional-problems-2020-4
[19] “The Post-U. Md. poll strongly suggests that the tech companies, university researchers and public health authorities developing these infection-alert apps will need a significant public education campaign to win widespread usage of the technology”, The Washington Post, April 29, 2020,
[20] The Washington Post, https://www.washingtonpost.com/technology/2020/04/29/most-americans-are-not-willing-or-able-use-an-app-tracking-coronavirus-infections-thats-problem-big-techs-plan-slow-pandemic/
[21] DW, April 8, 2020, https://www.dw.com/en/eu-unveils-coronavirus-app-tracking-guidelines/a-53062143
[22] Google Drive, Avril 19, 2020, https://drive.google.com/file/d/1OQg2dxPu-x-RZzETlpV3lFa259Nrpk1J/view
[23] DW, April 23, 2020, https://www.dw.com/en/eu-push-for-coronavirus-contact-tracing-suffers-setback/a-53219372
[24] DW, https://www.dw.com/en/eu-push-for-coronavirus-contact-tracing-suffers-setback/a-53219372
[25] TechCrunch, April 27, 2020, https://techcrunch.com/2020/04/27/germany-ditches-centralized-approach-to-app-for-covid-19-contacts-tracing/ ; New York Post, April 27, 2020, https://nypost.com/2020/04/27/apple-and-googles-coronavirus-tracing-app-scores-big-win-in-europe/
[26] The Verge, May 5, 2020, https://www.theverge.com/2020/5/5/21248288/uk-covid-19-contact-tracing-app-bluetooth-restrictions-apple-google ; NS Tech, May 4, 2020, https://tech.newstatesman.com/coronavirus/uncertainty-over-who-could-access-nhsx-contact-tracing-app-data-as-pilot-goes-live
[27] LCI, 5 mai 2020, https://www.lci.fr/high-tech/deconfinement-l-application-stopcovid-sera-prete-le-2-juin-sans-apple-ni-google-smartphone-tracage-2152943.html
[28] CNEWS, Interview Pr. Jean-François Toussaint, 3 mai 2020, https://www.youtube.com/watch?v=an41RRMdEIM
[29] Russia Today (RT), 27 avril 2020, https://francais.rt.com/international/74565-deconfinement-belgique-opte-pour-call-center-au-lieu-tracage-numerique-covid19?fbclid=IwAR2pNs-sV6e0pDcNBdQXoB1LyIi7Ckya_qLDvy6zO1HIjKNxFJu3qIdfPEw
[30] Foreign Affairs, May 12, 2020, https://www.foreignaffairs.com/articles/sweden/2020-05-12/swedens-coronavirus-strategy-will-soon-be-worlds?fbclid=IwAR0fIHl39NCjp9rabU6re5Qoef2vuomFakV3i_7cdwkNxRiXd0VTnNqK1yk
[31] WIRED, April 17, 2020, https://www.wired.com/story/apple-google-contact-tracing-strengths-weaknesses/
[32] PBS, March 23, 2016, https://www.pbs.org/newshour/science/has-health-care-hacking-become-an-epidemic
[33] The Atlantic, January 31, 2019, https://www.theatlantic.com/technology/archive/2019/01/apples-hypocritical-defense-data-privacy/581680/ . Par ailleurs, le magazine Forbes a rapporté que les violations de sécurité ont conduit à l’exposition de 4,1 milliards de documents seulement pour la première moitié de 2019 : Forbes, August 20, 2019, https://www.forbes.com/sites/daveywinder/2019/08/20/data-breaches-expose-41-billion-records-in-first-six-months-of-2019/#750243bfbd54 ; Reuters, September 4, 2019, https://www.reuters.com/article/us-usa-election-faceboook/facebook-tech-firms-meet-with-u-s-intelligence-on-2020-election-security-idUSKCN1VP34V
[34] La Croix, 25 mars 2019, https://www.la-croix.com/Culture/Francais-veulent-limiter-linfluence-GAFAM-Europe-2019-03-25-1201011209 ; Le Figaro, 28 septembre 2018, https://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/09/28/31003-20180928ARTFIG00232–face-aux-gafam-protegeons-nos-libertes-individuelles.php
[35] Une étude de l’université d’Oxford indique qu’il faudrait qu’une application de ce type couvre 60% de la population pour être efficace : L’internaute, 6 mai 2020, https://www.linternaute.com/actualite/guide-vie-quotidienne/2492203-stop-covid-le-gouvernement-maintient-l-application-de-tracage-pourquoi-elle-fait-debat/
[36] Avis de la CNIL pour téléchargement : Developpez.com, 9 mai 2020,
Mediapart, 8 mai 2020, https://www.mediapart.fr/journal/france/080520/la-cnil-s-inquiete-d-un-possible-transfert-de-nos-donnees-de-sante-aux-etats-unis?onglet=full ;
[37] Daily Mail, April 29, 2020, https://www.dailymail.co.uk/news/article-8269475/YouTube-accused-censorship-removing-videos-criticize-shutdowns.html
[38]The Tennessee Star, March, 19, 2020, https://tennesseestar.com/2020/03/19/antimalarial-drug-chloroquine-shows-promise-in-treating-covid-19-coronavirus-in-china-south-korea/, https://docs.google.com/document/d/e/2PACX-1vTi-g18ftNZUMRAj2SwRPodtscFio7bJ7GdNgbJAGbdfF67WuRJB3ZsidgpidB2eocFHAVjIL-7deJ7/pub
[39] « L’hydroxychloroquine : une option sérieuse pour lutter contre le covid-19 ? », 4 mai 2020, https://viewspost.com/covid-19-retour-sur-lhydroxychloroquine/
[40] The Washington Times, April 2, 2020, https://www.washingtontimes.com/news/2020/apr/2/hydroxychloroquine-rated-most-effective-therapy-do/
[41] Washington Examiner, March 30, 2020, https://www.washingtonexaminer.com/news/twitter-temporarily-suspends-rudy-giuliani-for-sharing-coronavirus-misinformation; Salon, March 28, 2020, https://www.salon.com/2020/03/28/twitter-temporarily-deletes-rudy-giulianis-account-for-coronavirus-misinformation_partner/
[42] LCI, 24 mars 2020, https://www.lci.fr/international/coronavirus-covid-19-pandemie-sante-traitement-paludisme-la-chloroquine-un-don-du-ciel-selon-donald-trump-2148937.html?fbclid=IwAR36ZZQsXAk-cctI6cPqxJWXWiEhtQ-a4x-vJ37XZNo2starVZoFF70BddU
[43] Politico, March 29, 2020, https://www.politico.com/news/2020/03/29/fda-emergency-authorization-anti-malaria-drug-155095
[44] BuzzFeed News, March 30, 2020, https://www.buzzfeednews.com/article/ryanhatesthis/twitter-deleted-tweets-brazil-president-coronavirus
[45] Ce remède naturel est mis au point par le professeur vénézuélien Sirio Quintero. Dans une étude datée du 3 février 2020, ce dernier avait par ailleurs affirmé que le coronavirus comportait « une souche du VIH-Sida ». De façon surprenante, le 17 avril 2020, soit près d’un mois et demi plus tard, le professeur français Luc Montagnier, découvreur du VIH et prix Nobel de médecine, annonce qu’une partie du covid-19 avait fait l’objet d’une manipulation humaine et que des séquences de VIH avaient été fixées sur l’ARN du COVID-19 : Breitbart, March 25, 2020, https://www.breitbart.com/national-security/2020/03/25/twitter-deletes-nicolas-maduro-post-touting-natural-brew-cure-coronavirus/ ; VTV, Etude Sirio Quintero, 3 février 2020 https://www.vtv.gob.ve/wp-content/uploads/2020/03/Coronavirus-Mapa-Genetico-y-antidoto-del-_sirio_DOC_14-1.pdf; CNews, L’Heure des Pros, 17 avril 2020, Interview Luc Montagnier, https://www.youtube.com/watch?v=Vx91DZTjNTI&fbclid=IwAR05V4OBqE2se0WtP72hDigJ8Y1ll1V95NIuX15PP3O-5l-J8-C2vKSrKx4
[46] France Inter, 24 mars 2020, https://www.franceinter.fr/monde/nicolas-maduro-conseille-des-remedes-naturels-pour-se-premunir-du-coronavirus-son-tweet-est-supprime
[47] Reuters, May 7, 2020, https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-tech-video-idUSKBN22K077?utm_campaign=trueAnthem%3A+Trending+Content&utm_medium=trueAnthem&utm_source=facebook ; https://m.youtube.com/watch?v=IsuCa6V7prg
[48] New York Post, April 29, 2020, https://nypost.com/2020/04/29/dr-fauci-backed-controversial-wuhan-lab-studying-coronavirus/?fbclid=IwAR0YTk6iIqdUKfGOhlFyIigwxof5iRFVULrFnxOeACE5TcYIuMUwoUtPkeg
[49] Reuters, October 9, 2020, https://www.reuters.com/article/us-hongkong-protests-apple/apple-pulls-app-used-to-track-hong-kong-police-cook-defends-move-idUSKBN1WP09U
[50] History Channel, April 25, 2018, https://www.youtube.com/watch?v=KP9VklrXPZs
[51] Les quatre (4) dispositions de l’état d’urgence ont été reprises aux articles 1 à 4 de la loi n° 2017-1510 du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. Elles concernent les périmètres de protection, la fermeture des lieux de culte, les mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance, les visites domiciliaires et saisies.
[52] Le Monde, 19 décembre 2019, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/12/19/le-kenya-et-le-malawi-zones-test-pour-un-carnet-de-vaccination-injecte-sous-la-peau_6023461_3212.html ; Les Echos, 21 décembre 2019 https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/dans-le-futur-le-carnet-de-vaccination-pourrait-etre-injecte-sous-la-peau-1158342 ; La Revue des Transitions, 9 janvier 2020, https://larevuedestransitions.fr/2020/01/09/sante-bientot-un-carnet-de-vaccination-sous-la-peau/
[53] Ellen DeGeneres Show, April 13, 2020, https://www.youtube.com/watch?v=Nhf-wz7tP60
[54] LCI, 4 mai 2020, https://www.lci.fr/politique/coronavirus-covid-19-pandemie-emmanuel-macron-veut-que-le-futur-vaccin-contre-le-covid-19-soit-un-bien-mondial-de-l-humanite-2152878.html?fbclid=IwAR2n7UGFrZLxH3yiOPrFkLFBq3RMO8-iJDePs-6DTRLmSAIb6zoKcWklwKo
[55] Alexandre Adler, Le Nouveau Rapport de la CIA : Comment sera le monde en 2025 ? Ed. Robert Laffont, 2009 [cf. Alexandre Adler, Le Rapport de la CIA : Comment sera le monde en 2020 ? Ed. Robert Laffont, 2005] : « En 2020, de plus en plus de gens porteront des masques chirurgicaux et des gants de caoutchouc en public, par crainte d’une maladie ressemblant à la pneumonie, qui s’attaquera à la fois aux poumons et aux bronches, en plus d’être extrêmement résistante à tout traitement. Cette maladie s’avérera particulièrement déconcertante quand, après avoir semé la panique au cours de l’hiver, elle semblera disparaître complètement avant de réapparaître à nouveau dix ans plus tard, plongeant les scientifiques dans la confusion quant à son origine et à son traitement » (page 203), https://twitter.com/KhoderChehade/status/1249454842252349448/photo/2
[56] Pour une étude extensive sur les vaccins : http://www.chiropractic.org/wp-content/uploads/2018/12/1200-studies-The-Truth-Will-Prevail-3.pdf
[57] US Supreme Court, https://www.supremecourt.gov/opinions/10pdf/09-152.pdf ; NPR, February 22, 2011, https://www.npr.org/sections/health-shots/2011/02/22/133964322/supreme-court-upholds-liability-shield-for-vaccine-makers ; Policy & Medicine, May 5, 2018 (update), https://www.policymed.com/2011/03/supreme-court-rules-in-favor-of-protecting-vaccine-makers-from-state-lawsuits.html
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