Il y a quelques jours, le Professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine[1], a affirmé de façon tonitruante qu’une partie du nouveau coronavirus, le COVID-19, avait fait l’objet d’une manipulation humaine : « le matériel génétique du virus [COVID-19] est un long ruban d’ARN (…). Dans ce long ruban, à une certaine place, on a fixé des séquences petites de VIH », « ce n’est pas naturel, c’est un travail de professionnel, de biologiste moléculaire ».[2] Le virologue qui a découvert le VIH est immédiatement désavoué et vilipendé par certains grands médias et chercheurs alors que la question fait l’objet d’une attention particulière des gouvernements américain, britannique voire allemand.
En février 2020, c’était le Professeur Didier Raoult qui annonçait que l’hydroxychloroquine était efficace contre le COVID-19. Sitôt après cette annonce, plusieurs reportages et articles fusent dans la presse pour contester sa compétence et usent d’arguments parfois irrationnels. Didier Raoult est pourtant l’un des plus grands infectiologues au monde,[3] le meilleur spécialiste au monde des maladies transmissibles selon le site expertscape.com.[4]
Hormis les campagnes de dénigrement contre les deux experts mondiaux, ceux-ci ont un autre point commun : leur opposition aux stratégies de vaccination dominantes. Il est donc intéressant de revenir sur le COVID-19 et sur l’environnement de la recherche en cours d’un vaccin.
I. Environnement de la recherche du vaccin contre le COVID -19
Dans la course aux vaccins contre le COVID-19, trois principaux noms de sociétés de biotechnologies sont à retenir : Moderna, BioNTech et CureVac. Ces trois sociétés développent une spécialisation dans la technologie ARN[5] messager (ARNm), messenger RNA (mRNA) en anglais, un nouveau type de vaccin digitalisé différent des vaccins traditionnels. Sur son site internet, CureVac compare cette nouvelle technologie à la programmation informatique : « Tout comme un programmeur écrit un code qui envoie des instructions à un ordinateur, (…) les séquences d’ARNm [sont utilisées] pour “écrire” un nouveau “code” [génétique] qui est transformé par le corps humain en une protéine [anticorps] correspondante ».[6] Ainsi, contrairement aux ARNm naturellement produits dans l’organisme, les ARNm sont ici fabriqués, puis injectés dans le corps humain. Il s’agit en l’espèce d’une tentative de l’homme de dicter au corps humain comment il doit produire des anticorps.[7]
Sous l’angle opérationnel, ce nouveau type de vaccin se distingue des vaccins classiques parce qu’il peut être plus rapidement produit et distribué pour répondre à des situations d’urgence sanitaire. C’est pourquoi plusieurs observateurs estiment que la réponse vaccinale sera apportée par cette nouvelle technologie plutôt que par un vaccin classique. Cependant, les vaccins ARNm n’ont pas encore fait l’objet d’une autorisation de mise sur le marché. Leur efficacité reste donc à démontrer et leur potentielle utilisation future pose la nécessité d’un débat public pour en appréhender les risques.
1. La société Moderna
L’entreprise Moderna est une société de biotechnologies spécialisée dans la technologie ARNm qualifiée sur son site internet de “logiciel de la vie”. Cette société américaine est dirigée par un CEO français, Stéphane Bancel. En octobre 2013, Moderna a reçu 25 millions de dollars de la puissante Defense Advanced Research Projects Agency (Agence pour les Projets de Recherche Avancée de Défense), DARPA en sigle, l’agence du département américain de la défense (DOD) chargée de la recherche et du développement des nouvelles technologies destinées à un usage militaire. La DARPA est par exemple à l’origine du développement de l’Arpanet devenu plus tard l’Internet. Ces fonds attribués à Moderna sont destinés à avancer les thérapies et vaccins ARNm dans le cadre de la bio-défense.
Moderna a ensuite reçu en septembre 2016 un financement de 125 millions de dollars provenant de la Biomedical Advanced Research and Development Authority (Autorité pour la Recherche-Développement Avancée dans le domaine Biomédical), BARDA en sigle, une agence relevant du département américain de la santé et des services sociaux (HHS), pour avancer la recherche sur un vaccin ARNm contre le virus Zika.[8] Plus récemment, en avril 2020, la BARDA a de nouveau octroyé 483 millions de dollars à Moderna pour accélérer le développement clinique et la fabrication du vaccin ARNm à grande échelle contre le COVID-19.[9]
Au regard des enjeux actuels liés au COVID-19, il est également intéressant de noter que Moderna et la Fondation Bill & Melinda Gates ont signé un projet d’accord en janvier 2016. Ce projet porte sur un investissement préalable de 20 millions de dollars de la Fondation, ce montant pouvant être porté à $100 millions, pour poursuivre les projets de développement ARNm relatifs à différentes maladies infectieuses.[10]
Par ailleurs, Moderna a aussi noué en janvier 2015 un long partenariat de recherche avec l’Institut Pasteur sur le développement des vaccins ARNm contre les maladies infectieuses.[11] A ce titre, Moderna sponsorise les programmes de recherche préclinique et clinique de l’Institut Pasteur. Ce partenariat est signé par le Professeur Christian Bréchot, alors Président de l’Institut Pasteur, ancien PDG de l’Inserm et actuel Président du Global Virus Network.[12] Il est probable que les résistances à l’hydroxychloroquine particulièrement fortes en France s’expliquent également par les intérêts de certains milieux de la recherche dans la découverte d’un nouveau vaccin.
Le 30 mars 2020, un communiqué officiel du département américain de la santé et des services sociaux (HHS) a annoncé l’accélération d’essais cliniques concernant un vaccin contre le COVID-19. La phase 1 porte sur une collaboration entre la BARDA et Janssen (Johnson & Johnson) sur la mise au point d’un vaccin pour lequel une autorisation d’utilisation urgente (emergency use authorization) serait introduite auprès de la Food and Drug Administration (FDA) début 2021. Les phases 2 et 3 porteront ensuite sur les essais cliniques d’un vaccin ARNm dénommé SARS-CoV-2 mRNA-1273, développé par la société Moderna et pour lequel une autorisation de mise sur le marché définitive sera introduite auprès de la FDA. Ce dernier vaccin sera le résultat d’une collaboration entre la BARDA, Moderna (Fondation Bill & Melinda Gates) et l’Institut National des Allergies et des Maladies Infectieuses (NIAID).[13] Le NIAID est dirigé depuis 36 ans par un même homme, Dr. Anthony Fauci, membre de la cellule de crise présidentielle contre le coronavirus et le seul à contrer la promotion de l’hydroxychloroquine par le Président Trump, à vanter les mérites du futur vaccin et à arpenter régulièrement les médias pour contredire le Président Trump lui-même, à tel point que certains ont exigé sa démission. Le 22 avril 2020, le Directeur de la BARDA, Dr. Rick Bright, qui s’opposait également à l’hydroxychloroquine et promouvait la mise au point d’un vaccin annonce qu’il est démis de ses fonctions.
2. Les sociétés BioNTech et CureVac
BioNTech et CureVac sont deux sociétés de biotechnologies allemandes qui développent des thérapies basées sur l’ARN messager. Tout comme Moderna, les deux sociétés travaillent actuellement sur la mise au point d’un vaccin contre le COVID-19. Tout comme dans Moderna, la Fondation Bill & Melinda Gates a également établi des partenariats avec les deux sociétés, renforçant ainsi ses intérêts financiers dans la découverte et la vente du vaccin.
La Fondation Bill & Melinda Gates est ainsi le deuxième actionnaire de la société CureVac. La Fondation a également investi $55 millions dans BioNTech en septembre 2019, ce montant pouvant être porté à $100 millions, dans le cadre du développement des programmes liés au VIH et à la tuberculose.[14] BioNTech a également noué d’autres partenariats avec la Fondation Bill & Melinda Gates, Pfizer et Fosun Pharma sur le développement précis des vaccins ARNm.[15] Dès lors, la question du conflit d’intérêts peut légitimement se poser entre l’engagement en apparence désintéressé de Bill Gates qui donne aux Etats des conseils de gestion de la crise sanitaire d’une part, et ses investissements financiers dans les sociétés devant produire et commercialiser le vaccin d’autre part.
Le 3 avril 2020, les sociétés BioNTech et CureVac ont demandé aux régulateurs européen et américain des médicaments, l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) et la FDA, d’assouplir les procédures officielles prévues pour les essais cliniques nécessaires à l’obtention des autorisations de mise sur le marché des vaccins. Les deux sociétés ont excipé du fait que ces assouplissements sont nécessaires à une délivrance rapide d’un vaccin contre le COVID-19.[16] Cependant une décision favorable à cette demande constituerait un scandale pour un vaccin de type nouveau dont l’efficacité reste encore à démontrer et les risques associés à circonscrire. Cette décision serait d’autant plus scandaleuse au regard des critiques émises contre la chloroquine dont certains excipaient une prétendue dangerosité alors même que ce médicament a été consommé par plus d’un milliard d’individus depuis plus d’un demi-siècle. La remise en cause des régulations pour justifier une accélération du vaccin ne pourrait s’expliquer davantage que par une intervention indue des forces du marché, des lobby pharmaceutiques, que par des impératifs de santé publique. Plusieurs pays d’Asie ont en effet pu lutter avec succès contre le COVID-19 sans recours à un vaccin.
3. Les sociétés Johnson & Johnson, Inovio et Novavax
Contrairement aux trois premières sociétés susmentionnées, Johnson & Johnson, Inovio et Novavax travaillent sur la recherche de vaccins contre le COVID-19 en se fondant sur des approches autres que celles de la technologie ARNm. Ainsi, Novavax compte utiliser son Matrix-M adjuvant avec un vaccin appelé NVX-CoV2373 pour booster les réponses immunitaires.[17] Comme développé plus haut, Johnson & Johnson est, à travers sa filiale Janssen, en partenariat avec le département américain de la santé et des services sociaux pour tester un vaccin expérimental appelé Ad26 SARS-CoV-2. Toutefois, la Fondation Bill & Melinda Gates joue également ici un rôle important. Elle a ainsi investi 5 millions de dollars dans la société Inovio en mars 2020 pour financer les essais d’un dispositif de distribution d’un vaccin contre le COVID-19.[18] En septembre 2015, la Fondation avait investi 89,1 millions de dollars dans la société Novavax pour le développement d’un vaccin contre le virus respiratoire syncytial.[19]
II. L’influence de la Fondation Bill & Melinda Gates dans la gestion de la crise sanitaire
Le rôle de la Fondation Bill & Melinda Gates dans la recherche du vaccin contre le COVID-19 a déjà été abordé dans les développements susmentionnés. Ce rôle se caractérise notamment par les investissements de la Fondation dans les sociétés de biotechnologies susceptibles de lui procurer du profit ; par la multiplication des prises de possession médiatiques de Bill Gates et la poussée d’un agenda global propre de gestion de crise, alors que sa Fondation n’a ni la légitimité démocratique d’une organisation internationale ni celle d’un Etat pour décider du sort des populations sur la planète ; par une forme de diplomatie sanitaire du chéquier qui renforce l’influence et les actions de ladite Fondation. Toutefois, l’influence de la Fondation Bill & Melinda Gates est aussi dans une capacité d’anticipation à la fois étonnante et détonante. Elle est enfin également dans ses relations avec l’OMS.
1. L’organisation de la simulation de crise sanitaire dénommée event201
Le 18 octobre 2019, la Fondation Bill & Melinda Gates, le World Economic Forum et le Centre Johns Hopkins pour la Sécurité Sanitaire ont organisé à New York des exercices grandeur nature d’une simulation de crise dénommée Event201.[20] Le scenario de cette simulation porte sur le déclenchement d’une pandémie causée par un nouveau coronavirus. Le 17 novembre 2019, soit exactement un mois après la réalisation de cette simulation, le premier cas confirmé du coronavirus COVID-19 est annoncé par le gouvernement chinois.[21] Le COVID-19 est ensuite déclaré pandémie le 11 mars 2020 par l’OMS.[22]
Plusieurs acteurs de premier plan ont participé à la simulation, avant de livrer leurs contributions individuelles sur les approches de gestion d’une pandémie du nouveau coronavirus. Ces acteurs sont des personnalités qui occupent un rôle de leadership dans leurs différentes organisations parmi lesquelles : la Fondation Bill & Melinda Gates; le Centre Johns Hopkins qui deviendra, au déclenchement de la vraie crise sanitaire, la principale source américaine de suivi et de comptabilité des cas du COVID-19 dans le monde[23]; les Centers for Disease Control and Prevention (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies) ou CDC américains et chinois, agences qui seront au cœur de la gestion de la vraie crise du COVID-19 ; la multinationale pharmaceutique Johnson & Johnson qui, à la suite déclenchement de la réelle crise, entrera en partenariat avec le département américain de la santé et des services sociaux pour tester un vaccin expérimental ; et d’autres organisations internationales.[24]
L’exercice[25] débute par un reportage simulé d’une journaliste dont la trame de fond n’a d’égale que la crise sanitaire réelle qui se déclenchera un mois plus tard en Chine. Ce reportage présente un nouveau coronavirus provenant d’un troupeau de porcs qui passe chez l’homme. Les fermiers tombent malades et plusieurs personnes se retrouvent contaminées. Les personnes atteintes par le virus présentent des symptômes comparables à ceux de la grippe. De symptômes bénins, le nouveau coronavirus peut dégrader l’état des patients en provoquant une sévère pneumonie. A ce stade, les patients développent un syndrome pulmonaire qui requiert une hospitalisation et des soins intensifs. Plusieurs patients meurent. Le nouveau virus se transmet dans l’air et des personnes sont contaminées partout sur la planète. Le nouveau virus se révèle extrêmement contagieux et le nombre de contaminés, doublant par semaine, se chiffre en millions. La situation devenant hors contrôle, la question de la mise au point d’un vaccin se pose alors.
S’ensuivent les échanges des panélistes segmentés en quatre thématiques : les contremesures médicales en réponse à la pandémie, les questions liées au commerce et au voyage, la finance et la communication en période de crise sanitaire. Dans un second reportage simulé, un journaliste explique comment certains pays sont obligés de fermer leurs frontières pour stopper la propagation. Les réservations de vols en ligne connaissent une baisse substantielle. Le secteur aérien est sévèrement touché et avec elle l’économie mondiale.
Hors simulation, Dr. Michael Ryan, Directeur Exécutif du programme des urgences sanitaires de l’OMS intervient pour expliquer qu’il faudra dorénavant s’attendre à ce que ce type de crises deviennent de plus en plus fréquentes, qualifiant cette réalité historique de nouvelle normalité. Il informe les panélistes que le scenario d’un nouveau coronavirus pourrait aisément devenir un jour une réalité, ajoutant que la priorité de l’OMS est de travailler sur l’établissement d’une coordination multilatérale pour lutter contre ce type de crises. On peut alors s’étonner du retard à l’allumage de l’OMS dans la sensibilisation des gouvernements au déclenchement de la crise du COVID-19. L’organisation s’est en effet distinguée par une série de fautes, notamment : le fait qu’elle n’ait reconnu la transmission interhumaine du nouveau coronavirus que le 23 janvier 2020[26], soit 1 mois et 18 jours -un temps significatif pour ce type de crise- après que le CDC taïwanais l’ait informée le 31 décembre 2019 de la possibilité d’une transmission interhumaine du COVID-19 à Wuhan[27] ; l’appel du Directeur General de l’OMS aux pays à ne pas fermer les frontières avec la Chine début février 2020, alors que certains pays avaient déjà procédé ainsi à juste titre[28]; son opposition au port généralisé de masques avant de se raviser en avril 2020[29] ; ou encore son opposition catégorique à l’hydroxychloroquine. Un des arguments avancés par l’OMS et certains médias ou gouvernements pour s’opposer à l’usage généralisé de masques et de l’hydroxychloroquine portait sur la nécessité d’éviter des pénuries pour les personnels soignants et les malades.[30] Cet argument est relativement spécieux car il suffisait d’appeler les pays fournisseurs à en augmenter la production pour le bien de tous.
Les reportages simulés expliquent comment le nouveau coronavirus exerce une tension sur les structures hospitalières en raison de nombre accru des malades, des hospitalisations et de sérieux problèmes respiratoires avec un taux de fatalité de 10%. Ils ajoutent que certains malades présentent des signes bénins qui ne requièrent pas une hospitalisation, ce qui les amène à propager davantage le virus sans le savoir. La propagation de la maladie au niveau mondial est facilitée par les passagers de vols commerciaux. La simulation évoque la question des vaccins et la nécessité pour les gouvernements de faire preuve de moins de formalisme pour permettre dans l’urgence leur mise sur le marché. Les vaccins ne pouvant être fabriqués et distribués en moins d’une année, les antiviraux sont mentionnés comme ayant présenté quelques effets positifs contre le nouveau coronavirus, mais ne peuvent prévenir l’infection de façon aussi efficace qu’un vaccin. La simulation évoque également les pénuries de masques et de gants de protection y compris dans les hôpitaux ainsi que les tensions entre pays liées aux fournitures médicales.
Enfin, l’exercice aborde de nombreux autres points tels que : l’abandon des espaces publics par les populations ; les rayons vides dans les supermarchés ; la fermeture des points de vente physiques ; l’augmentation du taux de chômage ; la récession économique globale ; la montée des incivilités et l’instabilité politique ; le dilemme entre la protection de la santé et la protection de l’économie ; le maintien indispensable des entreprises essentielles ; la suspension par Twitter et Facebook des comptes répandant des informations considérées comme des fake news ; l’impact négatif de ces fake news sur les réseaux sociaux dans la gestion de la crise sanitaire ; les réponses à apporter contre les théories dites conspirationnistes, en particulier les accusations portées contre les entreprises pharmaceutiques d’avoir créé le virus pour faire du profit avec la vente de vaccins ; le contrôle de l’information ; les stratégies de lutte conte les mouvements opposés à la vaccination ; les réponses à apporter contre les médicaments considérés par certains comme efficaces, etc.
2. L’influence de la Fondation Bill & Melinda Gates sur l’Organisation Mondiale de la Santé et l’agenda global en matière de santé publique
La Fondation Bill & Melinda Gates exerce une influence considérable -et c’est encore un doux euphémisme- sur l’organisation mondiale de la santé. La Fondation y est la deuxième contributrice financière après les Etats-Unis et avant les autres pays. Sa contribution représente 9,8% des fonds de l’OMS. A cela, il faut ajouter la Global Alliance for Vaccines and Immunization (Alliance Globale pour les Vaccins et l’Immunisation), GAVI en sigle, 5e contributrice au budget de l’OMS, fondée par la même Fondation Bill & Melinda Gates en collaboration avec l’OMS et l’UNICEF.[31]
Dotée d’une manne financière estimée à 46,8 milliards de dollars en 2018[32], la première fondation privée au monde fixerait même l’agenda mondial en matière de santé. Tout a commencé en 1999 lorsque la Fondation Gates investit $750 millions pour créer GAVI Alliance dans le but de renforcer les programmes de vaccination des enfants, une responsabilité qui incombait jusque-là à l’OMS et à l’UNICEF. Sur le papier, l’OMS et l’UNICEF sont des partenaires égaux avec la Fondation, mais la Fondation crée une structure annexe séparée de GAVI dénommée The Vaccine Fund (Fonds pour le Vaccin) qu’elle contrôle. En 2008, GAVI et le Fonds du Vaccin fusionnent et le poids de l’OMS et de l’UNICEF s’en trouve fortement réduit, les deux organisations ne représentant plus que deux des 28 membres votants. L’OMS et l’UNICEF deviennent alors des sous-contractants d’un projet conduit par la Fondation Gates.
Plus tard, la Fondation Bill & Melinda Gates décide d’adopter une nouvelle approche dans la lutte mondiale contre le paludisme. En 2007, la Fondation avait déjà déboursé 1 milliard de dollars au titre du projet pour financer la recherche. Tandis que certains doutent de la nouvelle approche au sein de l’OMS et au-delà, Margaret Chan, alors Directrice Générale de l’OMS, apporte son soutien à la Fondation. Dr. Arata Kochi, Responsable Paludisme de l’OMS, écrit alors un mémo décrivant un “cartel” de chercheurs financés par la Fondation et le risque pour l’OMS de l’anéantissement de sa fonction d’élaboration des politiques publiques de santé. Ce document fait l’objet d’un article dans le New York Times[33] et Dr. Kochi perd sa position. Les résistances en interne sont ainsi neutralisées. En 2009, Anthony Fauci, Directeur du NIAID mentionné plus haut, qui était auparavant sceptique apporte son soutien à Bill Gates.[34]
En 2017, le journal Politico publie un article intitulé : « Rencontrer le docteur le plus puissant au monde : Bill Gates - L’emprise du magnat du logiciel sur l’OMS suscite des critiques liées à la mauvaise définition des priorités et à l’existence d’une influence indue ».[35] Il y est décrit l’influence indue de Bill Gates sur la succession de Margaret Chan par Tedros Adhanom Ghebreyesus, actuel Directeur Général de l’OMS. De même, un diplomate basé à Genève affirme sous couvert d’anonymat au journal que Bill Gates est un acteur si important que lorsqu’il mobilise ses moyens financiers, il peut changer les rapports de force au sein de l’OMS. Celui qui a déboursé plus de 2,4 milliards de dollars au sein de l’OMS entre 2000 et 2017 y est traité comme un chef d’Etat.
L’OMS compte en effet sur les contributions volontaires des donateurs pour près de 80% de son budget. Cette situation la rend vulnérable à la pression extérieure y compris dans la définition et la gestion de ses priorités, comme le montre une étude publiée par deux professeurs d’Oxford et de Georgetown en 2011 appelant à la réforme de l’organisation. Cette étude révèle par exemple qu’en 2008 et 2009, l’OMS a consacré 60% de son financement extrabudgétaire aux maladies infectieuses et seulement 3,9% aux maladies non transmissibles et 3,4% aux traumatismes. Pourtant, les maladies non transmissibles représentaient alors 62% de la mortalité dans le monde, et les traumatismes 17% de la charge mondiale de morbidité.[36] Le journal Huffington Post conclut en avril 2017 : « Aucune institution non gouvernementale ni aucun individu n’exerce une influence plus forte et n’apporte un soutien plus puissant que la Fondation Gates et ses fondateurs éponymes, Bill et Melinda Gates (…). A elle seule, la Fondation a dépensé 2,9 milliards de dollars en aide au développement de la santé mondiale en 2015 ».[37]
Il en découle que les conflits d’intérêts sont potentiels pour ne pas dire réels entre une Fondation Bill & Melinda Gates qui finance massivement l’OMS, participe de manière significative à la définition de l’agenda global en matière de santé publique et possède à la fois des investissements financiers dans des sociétés de biotechnologies comme c’est le cas pour la recherche d’un vaccin contre le COVID-19. L’agenda global avancé par Bill Gates comporte notamment trois volets[38]: la vaccination des 7 milliards d’habitants que comprend la planète, alors que les pays asiatiques sont arrivés à bout du virus sans recourir à un vaccin et que des traitements avec des antipaludéens se révèlent efficaces dans différents pays ; le traçage numérique dont Apple et Google ont développé la technologie, lequel pose de sérieux problèmes constitutionnels dans les démocraties occidentales[39] ; la poursuite du confinement jusqu’au mois de juin, sans prise en compte d’un approfondissement de la destruction de l’économie et des emplois à un niveau déjà historique, ce alors qu’il reconnait que le vaccin ne pourra pas être disponible avant 18 mois.
Conclusion
Il faut s’étonner que la Fondation Bill & Melinda Gates qui n’a pas la légitimité d’une organisation internationale ou d’un Etat et qui représente un fer de lance pour les multinationales[40] puisse exercer tant d’influence sur les gouvernements et les organisations internationales. Il faut s’étonner que le leader de la Fondation soit en même temps le chantre des vaccinations massives pour sauver des vies et le chantre de la réduction de la population à grande échelle. La Fondation Bill & Melinda Gates considère ainsi que la seule croissance de la population africaine est un fléau qui entrave la lutte contre la pauvreté globale.[41] Pourtant, la population asiatique (env. 60% de la population mondiale) est de loin plus grande que celle de l’Afrique (env. 17%).[42] Le vrai défi de l’Afrique dans la lutte contre la pauvreté serait plutôt le contrôle et la bonne gestion de ses ressources naturelles abondantes. Le fléau à combattre, c’est l’injustice sociale qui fait que 1% d’individus possèdent près de la moitié de la richesse mondiale,[43] mettant ainsi de côté des masses appauvries. En somme, il ne s’agit pas ici de rejeter la recherche scientifique ni les solutions médicales, loin s’en faut. Il s’agit pour les populations d’exercer leur droit à la vigilance et de ne pas sacrifier leurs libertés individuelles à l’autel de la peur. Au regard de ce qui précède, des circonstances encore confuses et des récents développements, notamment la déclaration du prix Nobel de médecine et découvreur du VIH concernant une manipulation humaine du nouveau coronavirus par l’insertion des séquences du VIH, l’humanité devrait dire non à la vaccination contre le COVID-19.
[1] Virologue, découvreur du VIH, le professeur Luc Montagnier a obtenu le prix Nobel de médecine en 2008. Il a également à son compteur près de 16 prix et récompenses en France, aux Etats-Unis et au Japon, https://fr.wikipedia.org/wiki/Luc_Montagnier#Prix_et_récompenses
[2] CNEWS, L’heure des Pros, Avril 2020, https://www.youtube.com/watch?v=JhbZx0oF-v4
[3] Le professeur Didier Raoult est le lauréat du Grand prix de l’INSERM en 2010, une des plus hautes distinctions scientifiques françaises à laquelle s’ajoutent sept autres prix et récompenses obtenus en France, aux Etats-Unis et en Israël, https://fr.wikipedia.org/wiki/Didier_Raoult
[4] Expertscape, www.expertscape.com/ex/infectious+diseases
[5] L’acide ribonucléique (ARN) est un acide nucléique présent chez pratiquement tous les êtres vivants, et aussi chez certains virus. L’ARN est très proche chimiquement de l’ADN et il est en général synthétisé dans les cellules à partir d’une matrice d’ADN dont il est une copie.
[6] CureVac, https://www.curevac.com/production
[7] IEEE Spectrum, March 5, 2020, https://spectrum.ieee.org/the-human-os/biomedical/bionics/darpas-firebreak-treatment-for-the-coronavirus
[8] Moderna, https://www.modernatx.com/ecosystem/strategic-collaborators/mrna-strategic-collaborators-government-organizations
[9] Reuters, April 16, 2020, https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-moderna-funding/moderna-receives-483-million-barda-award-for-covid-19-vaccine-development-idUSKBN21Y3E0
[10] Moderna, https://www.modernatx.com/ecosystem/strategic-collaborators/foundations-advancing-mrna-science-and-research
[11] Moderna, https://www.modernatx.com/ecosystem/strategic-collaborators/mrna-strategic-collaborators-research-institutions ; Moderna, February 3, 2015, https://investors.modernatx.com/news-releases/news-release-details/moderna-and-institut-pasteur-sign-strategic-research
[12] Global Virus Network, https://gvn.org/prof-christian-brechot/
[13] The U.S. Department of Health and Human Services, March 30, 2020, https://www.hhs.gov/about/news/2020/03/30/hhs-accelerates-clinical-trials-prepares-manufacturing-covid-19-vaccines.html
[14] Biontech, https://investors.biontech.de/news-releases/news-release-details/biontech-announces-new-collaboration-develop-hiv-and/
[15] Bloomberg, March 16, 2020, https://www.bloomberg.com/press-releases/2020-03-16/biontech-reports-rapid-progress-on-covid-19-vaccine-program-to-address-global-public-health-threat
[16] FierceBiotech, April 3, 2020 https://www.fiercebiotech.com/biotech/biontech-curevac-tell-regulators-to-lower-clinical-trial-bar-if-they-want-a-covid-19
[17] Clinical Trials Arena, April 9, 2020, https://www.clinicaltrialsarena.com/news/novavax-covid-19-vaccine-trial/
[18] MarketWatch, March 12, 2020, https://www.marketwatch.com/story/inovio-gets-5-million-grant-from-gates-foundation-to-fund-testing-of-device-for-delivering-covid-19-vaccine-2020-03-12
[19] Novavax, https://ir.novavax.com/news-releases/news-release-details/novavax-provides-updates-global-pathways-licensure-resvaxtm
[20] Event201, www.centerforhealthsecurity.org/event201/
[21] South China Morning Post, March 13, 2020, https://www.scmp.com/news/china/society/article/3074991/coronavirus-chinas-first-confirmed-covid-19-case-traced-back
[22] STAT, March 11, 2020, https://www.statnews.com/2020/03/11/who-declares-the-coronavirus-outbreak-a-pandemic/
[23] Johns Hopkins University of Medicine, https://coronavirus.jhu.edu/map.html
[24] Par les acteurs de la simulation figurent de façon non exhaustive : Christopher Elias, Président du développement global de la Fondation Bill & Melinda Gates ; Anita Cicero et Tom Inglesby du Centre Johns Hopkins pour la Sécurité Sanitaire ; Stephen Redd, Directeur Adjoint du service de santé publique et de l’application des sciences du CDC américain ; George Gao, Directeur Général du CDC chinois ; Adrian Thomas, Vice-Président chargé de la santé publique globale chez Johnson & Johnson ; Sofia Borges, Senior Vice-Président de la Fondation des Nations Unies ; Tim Evans, ancien Senior Directeur de la pratique santé, nutrition et population globale de la Banque Mondiale ; Martin Knuchel, Senior Directeur et Responsable gestion de crise, urgence et continuité des affaires chez Lufthansa, etc. https://www.centerforhealthsecurity.org/event201/players/index.html
[25] Event201, https://www.centerforhealthsecurity.org/event201/videos.html
[26] World Health Organization, January 23, 2020, https://www.who.int/news-room/detail/23-01-2020-statement-on-the-meeting-of-the-international-health-regulations-(2005)-emergency-committee-regarding-the-outbreak-of-novel-coronavirus-(2019-ncov)
[27] Taiwan Centers for Disease Control (CDC), April 11, 2020, https://www.cdc.gov.tw/Category/ListContent/sOn2_m9QgxKqhZ7omgiz1A?uaid=PAD-lbwDHeN_bLa-viBOuw
[28] VOA News, February 3, 2020, https://www.voanews.com/science-health/coronavirus-outbreak/who-chief-urges-countries-not-close-borders-foreigners-china
[29] South China Morning Post, April 4, 2020, https://www.scmp.com/news/china/article/3078407/coronavirus-world-health-organisation-reverses-course-now-supports
[30] BioSpace, March 23, 2020, https://www.biospace.com/article/world-health-organization-warns-against-untested-drugs-for-covid-19/
[31] World Economic Forum, April 15, 2020, https://www.weforum.org/agenda/2020/04/who-funds-world-health-organization-un-coronavirus-pandemic-covid-trump/ ; World Health Organization, https://www.who.int/westernpacific/about/partnerships/donors
[32] Bill & Melinda Gates Foundation, https://www.gatesfoundation.org/who-we-are/general-information/foundation-factsheet
[33] The New York Times, November 7, 2008, https://www.nytimes.com/2008/02/17/world/americas/17iht-gates.4.10120087.html
[34] CNN, April 25, 2009, http://www.cnn.com/2009/HEALTH/conditions/04/25/fauci.malaria/
[35] Politico, May 4, 2017, https://www.politico.eu/article/bill-gates-who-most-powerful-doctor/
[36] Devi Sridhar and Lawrence O. Gostin, Reforming the World Health Organization Reforming the World Health Organization, Georgetown Law, March 29, 2011, https://scholarship.law.georgetown.edu/cgi/viewcontent.cgi?referer=&httpsredir=1&article=1622&context=facpub
[37] Huffington Post, Huffington Post, April 30, 2017, https://www.huffpost.com/entry/ebola-gates-foundation-public-health_n_5900a8c5e4b0026db1dd15e6
[38] Ellen DeGeneres Show, April 13, 2020, https://www.youtube.com/watch?v=Nhf-wz7tP60
[39] Business Insider, April 14, 2020, https://www.businessinsider.com/trump-apple-google-covid-19-tracing-tech-constitutional-problems-2020-4
[40] Global Justice Now, January 2016, https://www.globaljustice.org.uk/resources/gated-development-gates-foundation-always-force-good
[41] World Economic Forum, September 19, 2018, https://www.weforum.org/agenda/2018/09/africas-rapid-population-growth-puts-poverty-progress-at-risk-says-gates/
[42] World Population 2020, https://worldpopulationreview.com/continents/
[43] Forbes, October 23, 2019, https://www.forbes.com/sites/camilomaldonado/2019/10/23/credit-suisse-top-1-own-nearly-50-of-global-wealth-and-chinas-wealthy-now-outnumber-americas/#21496b5b2ede
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