Dans un article du 15 mai 2020, Views Post mentionnait trois types de crises qu’entraînerait le Covid-19 : une crise sanitaire, une crise économique et une crise politique.[1] Views Post précisait alors que la crise politique serait, d’une part, une crise démocratique au regard notamment de l’adoption du traçage numérique dans la lutte contre le Covid-19, et d’autre part, une crise plus générale se traduisant par une instabilité institutionnelle. Alors que la pandémie était en train de décliner selon les statistiques officielles et que la situation commençait à se normaliser, un évènement inattendu s’est alors produit aux Etats-Unis : la mort de George Floyd entre les mains de la police de Minneapolis. Cette mort scandaleuse a propulsé au-devant de la scène la question du racisme aux Etats-Unis. Seulement, d’une manière assez inattendue, le traitement de la question raciale a pris une ampleur médiatique et sociale singulière au point de produire des conséquences sanitaires et politiques que Views Post percevait déjà à travers le Covid-19.
I. Conséquences sanitaires de la gestion du Covid-19 et de la question raciale
1. La singularité de certaines décisions politiques de santé publique
La crise sanitaire s’est abattue dans plusieurs pays avec des conséquences plus ou moins fortes. L’histoire retiendra néanmoins que certaines décisions politiques ont probablement contribué à une multiplication des morts. Aux Etats-Unis, une des décisions de cette portée a été prise par 5 gouverneurs démocrates : Andrew Cuomo à New York, Phil Murphy à New Jersey, Gretchen Whitmer dans le Michigan, Gavin Newsom en Californie et Tom Wolf en Pennsylvanie.[2]
En effet, ces gouverneurs ont obligé les maisons de retraite à accepter les patients du Covid-19 alors qu’il était de notoriété publique que les seniors étaient les plus vulnérables. Les décrets adoptés dans les Etats de New York et du New Jersey faisaient même interdiction aux maisons de retraite de demander si les personnes à admettre ou à réadmettre avaient contracté le coronavirus.[3] Cette décision de mettre les malades au milieu des personnes les plus à risque du fait de leur âge avancé et de leur état de santé, au motif qu’il fallait disposer de plus de lits au moment où les hôpitaux pouvaient être congestionnés[4], a été coûteuse en vies humaines. En mai 2020, le nombre de décès estimé à plus de 5.500 morts dans les maisons de retraite et autres établissements de soins connexes à New York était ainsi supérieur au nombre total de décès dans tous les autres États du pays excepté New Jersey.[5] Face aux critiques, le décret controversé du 25 mars 2020 avait ensuite été supprimé du site internet du gouvernement de l’Etat de New York. En avril 2020, le gouverneur de New York a signé une législation accordant une immunité aux dirigeants d’hôpitaux et des maisons de retraite pour des procès liés au nouveau coronavirus.[6] Ce n’est que le 10 mai 2020 que le gouverneur de New York a finalement interdit aux hôpitaux de renvoyer les malades du Covid-19 dans les maisons de retraite à moins qu’ils aient été testés négatifs au virus.[7]
Les décisions politiques de santé publique susmentionnées ont eu un impact important sur le taux de mortalité dans les 5 Etats. Force est de constater que ces Etats sont parmi les 7 Etats ayant les taux de mortalité les plus élevés aux Etats-Unis au 24 juin 2020 : 30.970 morts à New York (1ère position), 12.949 morts à New Jersey (2e), 6.511 morts en Pennsylvanie (5e), 6.113 morts dans le Michigan (6e) et 5.637 morts en Californie (7e).[8]
2. L’absence d’une approche sanitaire dans la gestion des manifestations contre le racisme
Les manifestations contre le racisme se sont multipliées aux Etats-Unis et en Europe suite à la mort de George Floyd entre les mains de la police. Si ces manifestations sont légitimes, compréhensibles et parfois utiles, leur traitement médiatique et politique ainsi que certaines des revendications le sont moins. Force d’ailleurs est de constater qu’il n’est plus fait mention de George Floyd dans l’actualité alors que les protestations se poursuivent. Dans la couverture des manifestations, les médias mainstream américains se sont caractérisés par une particulière volonté de souffler sur les braises, de jeter de l’huile sur le feu en dépit des scènes de violence, de pillage et de destruction de biens matériels. Views Post écrivait alors : « Il s’en est fallu de quelques jours seulement pour que les médias mainstream américains qui expliquaient que les gens devaient absolument respecter les règles de distanciation sociale pour éviter une deuxième vague du Covid-19 se mettent à encourager des manifestations censées pourtant être des sources de contamination avérées. Tout se passe comme si on avait décidé de relâcher la pression jusque-là maintenue sur les peuples pour légitimer les restrictions de libertés, la vaccination de masse et le nouveau monde. Toute se passe comme si un changement de priorité s’était opéré et qu’il fallait désormais laisser le Covid-19 mourir, du moins pour l’instant, de sa belle mort médiatique ».[9]
Ainsi, les mêmes médias et les même politiques, en particulier les démocrates, qui appelaient à un confinement strict de la population pour éviter des morts certaines liées au coronavirus, se sont mis à encourager les manifestations populaires, mettant potentiellement en danger de nombreuses vies. Dans l’Etat de New York, le gouverneur démocrate Andrew Cuomo s’était opposé à une manifestation organisée par des individus qui protestaient contre le confinement et la perte consécutive de leurs revenus. Le gouverneur Cuomo leur avait alors répondu que le virus était en train de tuer des centaines de personnes par jour et qu’ils devraient « prendre un emploi de travailleur essentiel » s’ils souhaitaient continuer à travailler immédiatement.[10] Pourtant, à la suite de la mort de George Floyd, le gouverneur Cuomo s’est mis à encourager les protestations de masse.
Le 26 juin 2020, un juge fédéral a critiqué le gouverneur Andrew Cuomo pour avoir imposé des règles de distanciation sociale aux églises pendant la pandémie de coronavirus tout en permettant et en encourageant des manifestations de masse contre la brutalité policière. Le juge Gary L. Sharpe a émis une injonction préliminaire contre le gouverneur de l’Etat de New York et le maire de la ville de New York pour faire cesser ce traitement discriminatoire anticonstitutionnel. Le juge a écrit : « il est clair que les limites étendues de [la] latitude de l’exécutif ont été dépassées ». Il a ajouté que ces dirigeants « auraient pu aussi garder le silence. Mais en agissant comme ils l’ont fait, le gouverneur Cuomo et le maire de Blasio ont envoyé un message clair selon lequel les manifestations de masse méritent un traitement préférentiel ».[11]
De même, au sujet des protestations ayant conduit au déboulonnement de monuments historiques par les manifestants, le gouverneur Cuomo avait déclaré qu’il s’agissait « d’une expression saine ».[12] Or il est difficile de qualifier d’expression saine une manifestation de la colère qui contribue à une destruction illégale de monuments historiques. Une expression saine aurait plutôt consisté à poser le problème de façon institutionnelle pour obtenir un examen historique apaisé et raisonné, puis la destruction ou le déplacement éventuel de statues chargées d’un passif historique raciste pesant et avilissant. Il faut noter que des manifestants ont également tenté de déboulonner les statues d’Abraham Lincoln qui a pourtant proclamé l’émancipation des esclaves, puis contribué activement à l’abolition de l’esclavage dans les années 1860.
Dans l’Etat du Michigan, le gouverneur Gretchen Whitmer, une femme politique affiliée au parti démocrate, s’était également opposée à une manifestation contre le confinement au motif que celle-ci contribuait à répandre le virus et qu’elle n’était donc pas appropriée en pleine pandémie.[13] Pourtant, le 30 mai 2020, 5 jours seulement après la mort de George Floyd, Gretchen Whitmer a écrit et publié une déclaration officielle pour encourager les communautés à designer les lieux où elles souhaitaient manifester[14] avant de participer elle-même à une des manifestations.[15]
Il peut être argué que les manifestations consécutives à la mort de George Floyd se justifiaient par l’impact de cette mort sur l’opinion publique. Néanmoins, l’opposition de certains gouverneurs aux rassemblements contre le confinement et autres restrictions des libertés était fondée sur l’objectif fondamental d’éviter les contaminations et donc les morts. Il s’agit donc ici d’un objectif sanitaire essentiel qui devait conduire à encadrer strictement ou à limiter les manifestations au lieu de les encourager voire de les envenimer dans un objectif électoraliste, à savoir battre Trump à la prochaine élection présidentielle.
Il est assez évident que l’augmentation des infections au Covid-19 aux Etats-Unis a été en partie causée par les manifestations liées à la mort de George Floyd. Fin juin, la police de Los Angeles a par exemple constaté une augmentation du nombre de contaminations parmi ses fonctionnaires. Ceux-ci avaient été mobilisés pour assurer l’ordre public pendant les protestations.[16] C’est aussi le cas dans les rangs de la garde nationale qui avait été mobilisée dans le cadre des manifestations à Washington DC.[17]
Par ailleurs, les statistiques officielles montrent que l’âge moyen des nouveaux cas d’infection au Covid-19 a fortement baissé. Les nouvelles tendances révèlent que ce sont les jeunes américains entre 20 et 30 ans qui sont de plus en plus exposés et contaminés par le nouveau coronavirus.[18] Une des explications pertinentes de cette nouvelle donne peut être trouvée dans la mobilisation et la participation des jeunes aux nombreuses manifestations dans le pays et l’exposition au coronavirus qui en découle. Le 24 juin 2020, un article de CNN faisait écho à une étude qui montrait que les protestations n’avaient pas conduit à une augmentation des cas de coronavirus.[19] Le 29 juillet 2020, CNN titrait que les grands rassemblements avaient provoqué une augmentation des cas de coronavirus.[20]
II. Conséquences politiques et institutionnelles de la gestion du Covid-19 et de la question raciale
1. Les conséquences sécuritaires du traitement de la question noire : la crise de l’institution policière
Views Post avait fait état d’une déstabilisation possible des institutions de certains pays causée par le Covid-19, la corrélant alors à une situation économique tendue et aux pertes d’emplois inévitables liées à l’arrêt de l’activité.[21] Alors que la pandémie perdait pied dans différentes parties du monde, aux Etats-Unis, les protestations contre le racisme ont abouti à une forme de déstabilisation institutionnelle, ce qui conduit certains à les qualifier désormais d’émeutes.[22] Selon des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, certains manifestants s’en prennent à la police[23], d’autres protestations dans des espaces publics semblent même éclater de façon spontanée. Si l’éclatement soudain de la violence à la suite de la mort de George Floyd peut être compréhensible, la permanence de cette violence en revanche est nocive pour la société.
Le cœur de l’instabilité institutionnelle aux Etats-Unis concerne en particulier l’institution policière. La crise institutionnelle est directement liée à l’appel « Defund the police », lancé et promu par Black Lives Matter, récupéré également par des groupes anarchiques n’ayant aucun lien avec la défense des communautés noires. Cet appel à la suppression totale ou partielle des fonds consacrés à la police a pris une ampleur médiatique telle que certains maires de très grandes villes comme Los Angeles ou New York ont décidé de réduire le budget de la police. Dans d’autres villes comme Minneapolis, les conseillers municipaux ont appelé au démantèlement de la police. Il est pourtant assez clair que la suppression même partielle du budget de la police n’est pas une solution au problème du racisme au sein de la police. Cette demande poussée dans les villes, sans prise en compte des spécificités et des enjeux sécuritaires locaux, est une réponse qui pourrait même s’avérer dangereuse. En effet, le sous-financement et l’affaiblissement de la police qui en résulteraient sont de nature à augmenter la criminalité. Hormis l’aspect budgétaire, l’opprobre général jeté sans discernement sur toutes les forces de l’ordre par des manifestants et même par des autorités municipales contribue à mettre à mal leur propre sécurité, à les démotiver et à les démobiliser.
De grandes villes américaines sont désormais confrontées à la montée de l’insécurité. Ce sont les cas notamment de Chicago, de Philadelphie, d’Atlanta et de New York où des fusillades ont éclaté. A Chicago, lors du week-end du 20 juin marquant la célébration de la fête des pères, 104 personnes ont été victimes de fusillades, lesquelles se sont soldées par la mort de 15 personnes dont 4 enfants et un enfant de 3 ans.[24] C’est le nombre le plus élevé de victimes en un seul week-end par suite de fusillades. Selon les statistiques de la police, les fusillades ont augmenté à Chicago de 75% seulement pour le mois de juin, avec 424 fusillades en juin 2020 contre 242 en juin 2019. Les meurtres y ont bondi de 78%, avec 89 meurtres signalés en juin 2020 contre 50 en juin 2019.[25] Le week-end des 11 et 12 juillet, 54 fusillades se sont également produites laissant 9 personnes mortes.[26] Le 21 juillet, une fusillade éclate de nouveau et fait 15 blessés dont 6 graves. Les suspects et les victimes sont des Noirs américains. La maire démocrate et Noire américaine de Chicago, Lori Lightfoot, se résout alors à accepter le déploiement par Donald Trump des agents fédéraux pour faire face à la montée de la violence.[27] Aussitôt arrivés, les agents fédéraux ont rapidement procédé à l’arrestation de suspects. Hormis les fusillades, les manifestations contribueraient également à l’insécurité. Lori Lightfoot a déclaré que les protestations étaient devenues dangereuses pour les policiers et les manifestants eux-mêmes.[28]
A New York, ce sont 64 personnes qui ont été victimes de fusillades au cours du week-end du 4 juillet. En juin 2020, les victimes de fusillades étaient au nombre de 270 dont 39 morts. Selon la police de New York, la ville n’a pas connu des chiffres aussi élevés depuis 1996. Dans la plupart des homicides, ce sont des minorités qui sont victimes.[29] Le 7 juillet 2020, le Journal New York Post a ainsi repris un titre mémorable qui avait été employé le 7 septembre 1990 contre le maire d’alors dans un contexte d’augmentation de la criminalité dans la ville de New York : « La ville ravagée par le crime appelle à l’aide : Bill, fais quelque chose ! ».[30] Bill de Blasio est l’actuel maire démocrate de New York. Le 30 juin 2020, il avait pris la décision historique et surprenante de supprimer 1 milliard de dollars sur les 6 milliards consacrés au budget de la police, répondant ainsi favorablement à l’appel « Defund the Police ».[31] De plus, les protestations à New York appelant à couper dans le budget de la police et même à l’abolir ont conduit les manifestants à établir la City Hall Autonomous Zone (CHAZ 2.0)[32] qui rappelle la zone autonome de Seattle (CHAZ) occupée pendant plusieurs jours par les manifestants, interdite à la police et finalement démantelée après que des fusillades y aient éclaté. Le 21 juillet 2020, soit un mois environ après sa création, CHAZ 2.0 a été finalement démantelée par Bill de Blasio. Ce dernier a évoqué des raisons sanitaires et sécuritaires, mais c’est l’intention de Donald Trump d’envoyer des agents fédéraux à New York qui aurait précipité cette décision.[33]
Durant le week-end du 4 juillet marquant la fête de l’indépendance aux Etats-Unis, 25 personnes au moins ont été victimes de fusillades à Philadelphie dont 5 qui ont perdu la vie. A Atlanta, ce sont 23 personnes qui ont été victimes de fusillades qui se soldées par 5 morts dont un enfant de 8 ans, Secoriea Turner. Dans cette ville, les coups de feu ont précisément éclaté alors que des manifestants étaient en train de saccager le siège du Département de la sécurité publique de l’Etat de Géorgie. A la suite de ces évènements, le gouverneur républicain de Géorgie, Brian Kemp, a déclaré l’état d’urgence et a mobilisé 1.000 soldats de la garde nationale pour aider à rétablir l’ordre public dans la ville.[34]
De son côté, la maire Noire américaine et démocrate d’Atlanta, Lance Bottoms, a fait une sortie médiatique remarquée. Dans une intervention du 5 juillet réalisée aux côtés des parents de Secoriea Turner, Lance Bottoms s’insurge contre les membres de la communauté noire en affirmant : que les Noirs étaient en train de heurter d’autres Noirs plus que les forces de police ; que si une réforme de la police est nécessaire, une réforme interne à la communauté noire l’est également ; que les manifestants qui dérapent font partie du problème et non de la solution.[35]
Dans ce contexte d’insécurité grandissante, plusieurs sont choqués par le silence observé par le mouvement Black Lives Matter sur ces crimes qui sont commis par des Noirs Américains contre des Noirs américains. Si Black Lives Matter est un mouvement axé sur la dénonciation de la brutalité policière, il n’en demeure pas moins que l’objectif est de montrer que la vie des Noirs américains compte. Dès lors, le silence observé par le mouvement étonne sur des fusillades qui comptent des enfants parmi les victimes. En réalité, il est difficile à BLM de se prononcer sur ces crimes sans remettre en cause son agenda et son appel principal à supprimer les fonds publics consacrés aux départements de police des villes dont le concours est pourtant indispensable dans la lutte contre la criminalité qui sévit dans les communautés noires.
2. Les conséquences sécuritaires de la gestion de la pandémie
La crise de l’institution policière et la montée de l’insécurité ne sont pas seulement liées à la gestion de la question raciale, elles sont également liées à la gestion sanitaire du Covid-19. David Brown, le chef Noir américain du département de la police de Chicago a affirmé que l’augmentation des fusillades dans cette ville était notamment liée à deux raisons : la détention de criminels violents pendant une durée insuffisamment longue ; mais également la libération de plusieurs criminels violents dans le but de freiner la propagation du Covid-19. Sur ce dernier point, David Brown précise que les criminels qui ont été libérés pour des raisons sanitaires ne sont pas surveillés aussi étroitement qu’ils devraient l’être. Des responsables de la police de New York vont également dans le sens de ces déclarations. Ils ont présenté des statistiques établissant le lien entre l’augmentation de la violence à New York et la réduction de la moitié de la population carcérale de la prison de Rikers Island en pleine pandémie.[36]
Le 13 mai 2020, une déclaration conjointe de l’Office de l’ONU contre la drogue et le crime, de l’OMS, du Haut-Commissariat de l’ONU chargé des droits de l’homme et de l’ONUSIDA a exhorté les dirigeants politiques à envisager des mécanismes de libération des prisonniers particulièrement exposés au Covid-19, tels que les personnes âgées et celles ayant des problèmes de santé préexistants, ainsi que d’autres prisonniers qui pourraient être libérés sans compromettre la sécurité publique, tels que les individus condamnés pour des infractions mineures et non violentes, en accordant une attention particulière aux femmes et aux enfants.[37] Cette demande très encadrée procède d’une volonté humanitaire de sauver des vies. Toutefois, une implémentation non rigoureuse par les Etats peut conduire in fine à remettre en cause la sécurité publique. Dans le cas précité de Chicago, il est fait état de la libération de criminels violents, non accompagnée d’une surveillance appropriée.
Il paraît évident que les coupes budgétaires dans la police et la libération de certains prisonniers sans mesures d’accompagnement adéquates créent un cocktail explosif dans un contexte de manifestations plus ou moins tendues. Il est légitime de s’interroger sur la réaction de prisonniers libérés sans perspective d’emploi à court terme dans un contexte de confinement, d’attrition économique et de crise sociale. Dans plusieurs cas, les autorités devraient envisager des mesures de protection sanitaire en milieu pénitentiaire. Il faudrait également s’assurer que les prisonniers libérés disposent d’un abri et ne seront pas dans la rue, ce qui pourrait renforcer leur vulnérabilité au virus. Plus récemment, la Californie a annoncé la libération de 8.000 prisonniers supplémentaires après en avoir précédemment libéré 10.000.[38] En mai dernier, un procureur élu du comté d’Orange en Californie, Todd Spitzer, s’est insurgé contre la libération pour des raisons sanitaires préventives de 7 délinquants sexuels qui avaient antérieurement tenté de se débarrasser de leurs bracelets électroniques, insistant sur le risque élevé que cette libération présentait pour les communautés.[39]
III. Conséquences politiques et électorales de la gestion du Covid-19 et de la question raciale
1. Une politisation extrême des questions raciale et sanitaire
Si une réforme de la police est nécessaire pour combattre le racisme et les biais raciaux au sein de l’institution, la multiplication des protestations contre la police, sa mise en cause sans discernement par les politiques censés la reformer et l’appel « Defund the police » ont généré une situation morale et financière délicate au sein des forces de l’ordre. La politisation extrême de la question raciale s’explique par les relations politiques et financières privilégiées entre le parti démocrate et Black Lives Matter. Black Lives Matter a ainsi défini comme objectif prioritaire de faire perdre la prochaine élection à Trump, appelant même à sa démission immédiate. Les dons adressés à Black Lives Matter sont versés à ActBlue, une organisation affiliée au parti démocrate. En 2016, le Movement for Black Lives (M4BL) auquel est membre Black Lives Matter avait reçu le soutien de Democracy for America, une organisation soutenant les candidats du parti démocrate.[40] Il apparait que la question noire dont les principes d’une vraie réforme ne sont pas sérieusement abordés est désormais utilisée comme une arme politique contre Donald Trump. Les démocrates semblent avoir un intérêt électoraliste à attiser les protestations pour mobiliser le vote contre le candidat républicain. Seulement, c’est au prix du chaos et ce danger assumé est la preuve d’une irresponsabilité politique caractérisée.
De même, les protestations qui sont des sources de contamination participent à une augmentation des infections qui peut faire l’objet d’une récupération pour monter en épingle un échec du gouvernement sur le front sanitaire. La semaine du 13 juillet 2020, des médias en Floride ont rapporté que plusieurs personnes ont été déclarées positives au coronavirus alors qu’elles n’avaient pas été testées.[41] De plus, sur plusieurs dizaines ou parfois plusieurs centaines de personnes testées, certains laboratoires ont anormalement rapporté 100% de résultats positifs, ce qui signifie que chaque individu testé était positif. L’Etat de Floride a annoncé contacter ces laboratoires pour procéder à la correction des données. Seulement, le laboratoire AdventHealth Centra Care a expliqué qu’il leur avait été demandé par le ministère de la santé de la Floride de transmettre uniquement les résultats positifs, ce qui est contraire à un décret pris par le gouverneur.[42] Ainsi, au lieu de 100% de tests positifs enregistrés par le ministère de la santé, AdventHealth Centra Care a affirmé que le vrai taux était de 15% de tests positifs.
Cependant, alors que d’autres laboratoires ont envoyé au ministère de la santé des résultats tant positifs que négatifs, ils ne comprennent pas pourquoi les chiffres répertoriés par ce ministère sont différents. Ainsi, un laboratoire au nom de Nona Scientific a rapporté 6,5% de résultats positifs, mais le ministère a enregistré 100% de tests positifs. Orlando Health a rapporté 9,4% de tests positifs et le ministère a enregistré 98% de tests positifs. Health First a également affirmé que leur pourcentage de tests positifs, 7,1%, était significativement inférieur à celui que le ministère de la santé de la Floride a répertorié.[43] Il n’est pas impossible que des erreurs se soient produites au niveau du ministère de la santé, mais il y a un dénominateur commun à ces erreurs : l’exagération du pourcentage des personnes infectées. Sachant que le gouverneur républicain de la Floride, Ron DeSantis, est proche de Trump, si une manipulation a eu lieu, elle pourrait éventuellement provenir du ministère de la santé.
En résumé, sur des chiffres faciles à répertorier, il est surprenant que ce type d’anomalies se produisent plus d’une fois au sein d’une grande administration. S’agissant des personnes déclarées positives au coronavirus alors qu’elles n’avaient pas été testées, DeSantis a mis en cause l’existence d’un complexe industriel privé spécialisé dans les tests qui pourrait gonfler artificiellement le nombre de tests positifs au Covid-19.[44] Sans pour autant remettre en cause la dynamique ascendante des contaminations, il n’est pas insensé de se demander si l’inflation très médiatisée des cas d’infection aux Etats-Unis ne sert pas non plus d’arme politique. Selon les sondages, le Covid-19 est la première préoccupation des électeurs. Ces sondages révèlent que Joe Biden se place devant Donald Trump grâce aux inquiétudes suscitées par le coronavirus.[45]
2. Une démocratie en crise : La restriction de la liberté d’expression des courants conservateurs
Il ne s’agit pas ici de prendre position pour un parti politique en particulier. Cependant, l’analyse purement objective de la situation politique aux Etats-Unis révèle que les courants de pensée conservateurs ou républicains sont victimes d’une forme de censure par les Big Tech. Cette situation rappelle la censure et au minimum une forme de restriction des opinions en faveur de l’hydroxychloroquine et en défaveur du vaccin sur les réseaux sociaux en pleine crise sanitaire.[46] Plus récemment, le 27 juillet 2020, un groupe de docteurs appartenant à America’s Frontline Doctors a organisé une conférence de presse près du Capitole à Washington D.C. pour informer notamment le peuple américain que l’hydroxychloroquine fonctionnait contre le Covid-19 et qu’il était scandaleux de laisser les patients mourir sans ce médicament. En quelques heures seulement, la vidéo a cumulé plus de 17 millions de vues sur Facebook, avec plus de 185.000 vues simultanées. Cependant, Facebook, YouTube (qui appartient à Google) et Twitter ont supprimé les images de cette conférence de presse.[47] De même, le site Web de America’s Frontline Doctors a été honteusement supprimé.[48] Pour avoir partagé une vidéo de la conférence de presse de ces médecins sur Twitter, le compte du fils aîné du président Donald Trump, Donald Trump Jr., a été suspendu par Twitter.[49]
L’élection présidentielle du 3 novembre attise fortement les passions au point où une crise de la démocratie s’est abattue dans le pays. Plusieurs faits illustrent les pressions et contraintes qui pèsent désormais sur la liberté d’expression. Pendant la crise sanitaire, le motif principal des restrictions à la liberté d’expression était la propagation des fausses informations, contraires à celles des autorités sanitaires. Dans la présente crise sociale et raciale, le motif est la propagation d’informations de nature raciste. Mais en réalité, il s’agit de maintenir une pression sur les opposants à la pensée médiatiquement dominante à l’approche de l’élection présidentielle. La liste qui suit est très loin d’être exhaustive.
Le 10 juillet 2020, Tucker Carlson, journaliste vedette de la chaîne conservatrice Fox News, est obligé de démissionner après qu’un journaliste de CNN, Oliver Darcy, ait découvert qu’il avait, sous un pseudonyme, publié sur un forum en ligne des posts apparemment racistes.[50] Ce jour même du 10 juillet, Tucker Carlson avait interviewé Dr. Li-Meng Yan, une virologue de Hong Kong qui s’était enfuie de la Chine pour trouver refuge aux Etats-Unis et informer le monde que le gouvernement chinois aurait eu connaissance du nouveau coronavirus bien avant qu’il en fasse état publiquement.[51] Il faut rappeler ici que si certains pays comme les Etats-Unis, l’Allemagne voire la France ont critiqué la Chine sur la gestion du Covid-19, les médias mainstream américains, proches des démocrates, se sont opposés à cette critique. Sous Barack Obama, le gouvernement américain avait versé, avec l’approbation d’Anthony Fauci à la tête de l’institut national des allergies et des maladies infectieuses depuis 36 ans, un montant de 3,7 millions de dollars au laboratoire de Wuhan en Chine, le laboratoire au centre de la pandémie.[52] En outre, vers mi-juin 2020, YouTube (Google) avait tenté de censurer l’émission de Tucker Carlson en qualifiant ses contenus sur Black Lives Matter d’inappropriés et d’offensants pour certaines audiences.[53]
Mi-juin 2020, le journal conservateur, The Federalist, a été forcé à désactiver sa section commentaires, Google menaçant de lui interdire l’utilisation de Google Ads censé permettre au journal de se financer à travers des annonces publicitaires. C’est la chaîne télévisée NBC News qui aurait mis la pression sur Google pour sanctionner The Federalist en raison d’une couverture prétendument offensante du mouvement Black Lives Matter.[54]
En mai 2020, Prager Univeristy (PragerU) a été censurée par Facebook au motif non spécifié que ce média répandait de fausses nouvelles. Facebook a précisément décidé de restreindre la possibilité pour PragerU d’atteindre plus de personnes au-delà de sa propre audience.[55] Avec plus de 4 millions de followers sur Facebook, PragerU est une organisation à but non lucratif de tendance conservatrice qui publie des contenus vidéos éducatifs sur différents sujets politiques, économiques et philosophiques. Sa position sur le racisme et les manifestations y relatives diverge en particulier de celle répandue dans les médias mainstream. En 2018, Facebook avait déjà été accusé de censurer PragerU avant de s’excuser d’avoir bloqué des contenus vidéos en les rendant invisibles aux followers de cette organisation.[56]
En juin 2020, la fortune de Mark Zuckerberg a baissé de 7 milliards de dollars et la valeur des actions Facebook de 8,5%, soit une perte pour la société de 56 milliards de dollars. Cette situation est liée à la suspension par plusieurs compagnies des contrats publicitaires avec Facebook. Ces compagnies souhaitaient que Facebook agisse contre les discours racistes et haineux postés sur sa plateforme et contre la désinformation des électeurs. En réalité, il était reproché à Facebook de laisser passer des posts du président Trump[57] alors que Twitter avait commencé à restreindre des tweets de ce dernier, une première historique en Amérique pour un chef d’Etat.[58] Pourtant, agir de la sorte à l’approche d’une élection présidentielle contribue à biaiser l’élection de façon assez injuste et particulièrement irrégulière. La suite des évènements révèlera que Facebook est allée dans le sens de ces demandes pressantes. Néanmoins, indépendamment de ces pressions, Facebook était déjà accusée de pratiquer une forme de censure sur sa plateforme.
Le 9 juillet 2020, Robert Unanue, CEO de Goya Foods, une enseigne de produits alimentaires consommés notamment dans les foyers hispaniques, déclare : « Nous sommes tous réellement bénis (…) d’avoir un leader comme le président Trump qui est un bâtisseur ». Cette déclaration qui relève de la liberté d’expression est pourtant devenue la source d’une campagne de boycott des produits de cette entreprise à laquelle ont participé de nombreux médias comme CNN[59] et des politiques comme la représentante (députée) démocrate Alexandria Ocasio-Cortez.[60] En réponse, Trump voyant le danger politique que cela pouvait représenter dans l’intimidation de ses éventuels soutiens s’est alors fait filmer dans le bureau ovale avec des produits Goya.[61] Cet acte a créé une flambée d’achats des produits Goya. Plusieurs, y compris ceux qui sont contre Trump, ont sans doute réalisé qu’il n’était pas convenable de menacer l’emploi des salariés hispaniques de Goya à cause d’une prise de position de leur CEO.
Le 8 juillet 2020, deux jours avant l’obtention de la grâce présidentielle et la libération de Roger Stone condamné à 40 mois de prison en rapport avec l’interférence supposée du gouvernement russe dans l’élection présidentielle américaine de 2016[62], Facebook a décidé de supprimer les comptes Facebook et Instagram associés à cet homme au motif qu’il avait utilisé de faux comptes.[63] Roger Stone a réagi en annonçant qu’il planifiait de porter plainte contre Facebook pour diffamation. Auteur d’ouvrages sensationnels notamment sur l’assassinat de Kennedy, la guerre des Clinton contre les femmes ou encore le crime de la famille Bush, Roger Stone est un consultant politique conservateur et un lobbyste redouté de la scène politique américaine. Il est considéré comme l’artisan de la victoire de Trump en 2016. En 2016, CNN a interdit d’antenne Roger Stone qui travaillait alors pour la campagne de Trump.[64] En octobre 2017, Twitter lui a interdit d’écrire sur ce réseau social. En 2019, c’est un juge qui a interdit à Roger Stone de publier des posts sur Facebook, Instagram et Twitter.[65]
En somme, cette liste non exhaustive de faits illustre les pressions et tensions sur la liberté d’expression aux Etats-Unis. Ces faits révèlent une forme d’entente plus ou moins implicite entre les médias mainstream, les géants de la tech et les démocrates dont les analyses et les prises de position paraissent coordonnées à l’approche de l’élection présidentielle. Connus pour être plutôt libéraux et progressistes et donc anticonservateurs, les géants de la tech tels que Facebook (Instagram), Google (YouTube) et Twitter seraient devenus les tyrans de la tech pour certains.[66] Leurs plateformes sociales censées être des canaux neutres représentant des opinions politiques dans toute leur diversité auraient désormais un marqueur politique plus prononcé.
Conclusion
L’élection présidentielle du 3 novembre prochain représente un enjeu important pour l’Amérique et pour les nations. Cette élection américaine est devenue la vitrine et le terrain de jeu d’intérêts politiques, financiers et globaux si puissants que les principes de la démocratie et de l’ordre public semblent désormais être traités avec une grande irresponsabilité.
Le Covid-19 a conduit à un confinement strict et à l’arrêt de l’activité économique qui pourraient causer une famine mondiale dont les morts, selon l’ONG Oxfam, seront beaucoup plus nombreux que ceux du Covid-19 lui-même.[67] Comment un tel virus qui a occasionné la mort de citoyens a-t-il pu dépasser les frontières de la science et du raisonnable pour devenir une arme politique ? La question noire est une question sérieuse de la société américaine qui exige une réponse multisectorielle : une réforme de la police et non sa fragilisation ; une réforme du système judicaire pénal mettant fin à l’incarcération de masse ; une réforme du système pénitentiaire abolissant le travail forcé, esclavage des temps modernes, dont bénéficient plusieurs entreprises[68] ; et une réforme de la politique sociale visant la restauration de la cellule familiale afro-américaine. Comment un tel sujet est-il devenu un objet de récupération électoraliste pour embraser le pays ?
Derrière l’élection présidentielle semble se dessiner en filigrane une autre guerre, une guerre contre la société américaine elle-même. Si le peuple américain gagne, les nations pourraient gagner. Si le peuple américain fait défection, ce serait un séisme dont les répliques se feront sentir aux quatre coins de la planète et à terme le monde pourrait se réveiller dans un nouveau monde.
[1] Views Post, 15 Mai 2020, https://viewspost.com/covid-19-tracage-numerique-et-vision-politique/
[2] Mcknight’s, June 18, 2020, https://www.mcknights.com/news/lawmakers-raise-the-heat-on-states-that-forced-nursing-homes-to-admit-coronavirus-patients/
[3] New York Post, May 16, 2020, https://nypost.com/2020/05/16/blame-governors-for-coronavirus-deaths-in-nursing-homes-goodwin/
[4] ProPublica, June 16, 2020, https://www.propublica.org/article/fire-through-dry-grass-andrew-cuomo-saw-covid-19-threat-to-nursing-homes-then-he-risked-adding-to-it
[5] New York Post, May 16, 2020, https://nypost.com/2020/05/16/blame-governors-for-coronavirus-deaths-in-nursing-homes-goodwin/
[6] Fox News, May 27, 2020, https://www.foxnews.com/politics/cuomo-immunity-nursing-home-campaign-donation
[7] Business Insider, May 27, 2020, https://www.businessinsider.com/new-york-deleted-cuomos-order-nursing-homes-order-2020-5
[8] Becker’s, June 24, 2020, https://www.beckershospitalreview.com/rankings-and-ratings/us-coronavirus-deaths-by-state-june-24.html
[9] Views Post, 6 Juin 2020, https://viewspost.com/racisme-et-politique/
[10] ABC 7, April 22, 2020, https://abc7ny.com/governor-andrew-cuomo-take-job-as-an-essential-worker-coronavirus-new-york-ny/6123150/
[11] The Washington Times, June 26, 2020, https://www.washingtontimes.com/news/2020/jun/26/andrew-cuomo-wrong-encourage-protests-keep-ny-chur/
[12] The Washington Times, June 23, 2020, https://www.washingtontimes.com/news/2020/jun/23/andrew-cuomo-defends-destruction-us-monuments-its-/
[13] The Hill, May 13, 2020, https://thehill.com/homenews/state-watch/497560-michigan-governor-whitmer-lockdown-protests-are-racist-and-misogynistic
[14] Patch, June 1, 2020, https://patch.com/michigan/detroit/george-floyd-protests-michigan-reaction-across-state
[15] ClickOnDetroit, June 4, 2020, https://www.clickondetroit.com/news/local/2020/06/04/gov-whitmer-mayor-duggan-join-unity-march-through-detroit-in-honor-of-george-floyd/
[16] Los Angeles Times, June 23, 2020, https://www.latimes.com/california/story/2020-06-23/lapd-coronavirus-cases-spike-adding-to-debate-over-role-of-protests-in-spread
[17] CIDRAP, June 10, 2020, https://www.cidrap.umn.edu/news-perspective/2020/06/us-covid-19-cases-top-2-million-first-protest-linked-infections-noted
[18] The Hill, July 6, 2020, https://thehill.com/changing-america/well-being/medical-advances/506085-the-average-age-of-covid-19-patients-has-dropped
[19] CNN, June 24, 2020, https://www.cnn.com/2020/06/24/us/coronavirus-cases-protests-black-lives-matter-trnd/index.html
[20] CNN, July 29, 2020, https://www.cnn.com/2020/07/29/us/coronavirus-americans-gatherings/index.html
[21] Views Post, 15 Mai 2020, https://viewspost.com/covid-19-tracage-numerique-et-vision-politique/
[22] FNTV, July 25, 2020, https://www.youtube.com/watch?v=9RXsAOR3RW8
[23] ABC 7, June 5, 2020, https://www.youtube.com/watch?v=cXwUbLfsok8
[24] Chicago Sun-Times, June 22, 2020, https://chicago.suntimes.com/crime/2020/6/20/21297470/chicago-fathers-day-weekend-shootings-homicide-gun-violence-june-19-22-104-shot ; Hotair, June 22, 2020, https://hotair.com/archives/john-s-2/2020/06/22/chicago-weekend-104-shot-14-killed-including-5-children/
[25] NBC Chicago, July 1, 2020, https://www.nbcchicago.com/news/local/chicago-murders-and-shootings-up-overall-crime-down-halfway-through-2020-police-say/2298155/
[26] CBS Chicago, July 13, 2020, https://chicago.cbslocal.com/2020/07/12/nearly-50-shot-so-far-in-chicago-weekend-shootings-including-7-deaths/
[27] ABC 7, July 22, 2020, https://abc7chicago.com/politics/trump-to-deploy-federal-agents-to-chicago-as-part-of-anti-violence-effort/6328585/
[28] Bloomberg, July 24, 2020, https://www.msn.com/en-us/news/us/chicago-removes-columbus-statues-agents-blocked-protest-wrap/ar-BB1793I2?ocid=msedgntp
[29] CBS Chicago, July 13, 2020, https://chicago.cbslocal.com/2020/07/12/nearly-50-shot-so-far-in-chicago-weekend-shootings-including-7-deaths/
[30] “Crime-ravaged city cries out for help: Bill, do something!”, New York Post, July 6, 2020, https://nypost.com/2020/07/06/mayor-de-blasio-do-something-about-the-deaths-in-our-streets/
[31] CNN, July 1, 2020, https://www.cnn.com/2020/07/01/us/new-york-budget-nypd-1-billion-cut-trnd/index.html
[32] City Hall Autonomous Zone, July 11, 2020, https://www.youtube.com/watch?v=qk8M_z7r4_0
[33] PBS, July 22, 2020, https://www.pbs.org/newshour/nation/police-in-riot-gear-clear-nycs-occupy-city-hall-camp
[34] ABC News, July 6, 2020, https://abcnews.go.com/US/shootings-surge-us-police-covids-crippling-justice-system/story?id=71637222
[35] Bloomberg QuickTake News, July 6, 2020, https://www.youtube.com/watch?v=MK8u8uWhsCo
[36] ABC News, July 6, 2020, https://abcnews.go.com/US/shootings-surge-us-police-covids-crippling-justice-system/story?id=71637222
[37] WHO, May 13, 2020, https://www.who.int/news-room/detail/13-05-2020-unodc-who-unaids-and-ohchr-joint-statement-on-covid-19-in-prisons-and-other-closed-settings
[38] WBTV, July 11, 2020, https://www.wbtv.com/2020/07/11/california-release-inmates-effort-slow-coronavirus-outbreak/
[39] The Mercury News, May 8, 2020, https://www.mercurynews.com/2020/05/08/these-high-risk-california-sex-offenders-were-released-early-a-prosecutor-warns-theyre-still-a-threat/ ; Office of the District Attorney, Orange County, April 28, 2020, http://orangecountyda.org/civica/press/display.asp?layout=15&Entry=5993
[40] Views Post, June 29, 2020, https://viewspost.com/black-lives-matter-et-positionnement-politique/
[41] The Washington Times, July 22, 2020, https://www.washingtontimes.com/news/2020/jul/22/florida-fake-false-coronavirus-positives-just-anot/ ; ABC 7, July 19, 2020, https://www.mysuncoast.com/2020/07/19/concerns-arise-some-receive-positive-covid-results-never-got-tested/
[42] Fox 13 News, July 16, 2020, https://www.youtube.com/watch?v=wic-sJNhNWQ
[43] WKMG News 6, July 15, 2020, https://www.youtube.com/watch?v=KELbXX8P9t8
[44] Fox News, July 23, 2020, https://www.foxnews.com/media/florida-desantis-testing-industrial-complex-inflating-positive-tes
[45] Fox News, July 20, 2020, https://www.foxnews.com/politics/fox-news-poll-biden-holds-lead-over-trump-as-coronavirus-concerns-grip-nation
[46] Views Post, 15 Mai 2020, https://viewspost.com/covid-19-tracage-numerique-et-vision-politique/
[47] Americas Frontline Doctors Press Conference, July 29, 2020, https://www.dailymotion.com/video/x7v90ug ; Facebook, https://www.facebook.com/1071487594/posts/10220675540173025/?d=w ; BBC, July 28, 2020, https://www.bbc.com/news/53559938
[48] America’s Frontline Doctors, https://www.americasfrontlinedoctors.com/
[49] BBC, July 28, 2020, https://www.bbc.com/news/technology-53567681
[50] CNN, July 11, 2020, https://www.cnn.com/2020/07/10/media/tucker-carlson-writer-blake-neff/index.html
[51] Fox News, July 10, 2020, https://www.youtube.com/watch?v=NUbrE1v4kuQ ; Ben Ferguson, July 10, 2020, https://www.facebook.com/thebenfergusonshow/posts/10158257945761638
[52] Daily Mail, April 11, 2020, https://www.dailymail.co.uk/news/article-8211291/U-S-government-gave-3-7million-grant-Wuhan-lab-experimented-coronavirus-source-bats.html
[53] Fox News, June 19, 2020, https://www.youtube.com/watch?v=xn1Q3K6RhZo
[54] Fox News, June 16, 2020, https://www.foxnews.com/media/the-federalist-sean-davis-nbc-google-shutdown
[55] Breitbart, May 20, 2020, https://www.breitbart.com/tech/2020/05/20/facebook-evicts-prageru-from-normal-public-visibility-claiming-repeated-sharing-of-false-news/
[56] BBC, August 20, 2018, https://www.bbc.com/news/technology-45247302 ; Business Insider, August 21, 2018, https://www.businessinsider.com/facebook-apologises-to-prageru-for-blocking-its-videos-2018-8
[57] Fox News, June 27, 2020, https://www.foxbusiness.com/money/mark-zuckerberg-loses-7-billion-as-advertisers-drop
[58] The Guardian, May 29, 2020, https://www.theguardian.com/technology/2020/may/29/twitter-hides-donald-trump-tweet-glorifying-violence ; The Verge, June 23, 2020, https://www.theverge.com/2020/6/23/21300810/twitter-restrict-trump-serious-force-dc-autonomous-zone-policy
[59] CNN, July 16, 2020, https://www.cnn.com/videos/politics/2020/07/16/president-trump-goya-fauci-coronavirus-kth-cooper-ac360-vpx.cnn
[60] CNN, July 10, 2020, https://www.cnn.com/2020/07/10/business/goya-foods-boycott-trump/index.html
[61] Inside Edition, July 16, 2020, https://www.youtube.com/watch?v=4fnPBbNPm6M
[62] White House, July 10, 2020, https://www.whitehouse.gov/briefings-statements/statement-press-secretary-regarding-executive-grant-clemency-roger-stone-jr/
[63] CNN, July 8, 2020, https://www.cnn.com/2020/07/08/tech/roger-stone-proud-boys-facebook/index.html
[64] Politico, February 23, 2016, https://www.politico.com/blogs/on-media/2016/02/cnn-says-it-will-no-longer-have-trump-ally-roger-stone-on-air-219679
[65] The Verge, July 16, 2020, https://www.theverge.com/2019/7/16/20696548/roger-stone-trump-ban-instagram-twitter-facebook-judge
[66] Fox News, June 28, 2020, https://www.foxnews.com/politics/nunes-twitter-google-facebook-are-tech-tyrants-that-censor-conservatives
[67] Oxfam, July 9, 2020, https://oxfamilibrary.openrepository.com/bitstream/handle/10546/621023/mb-the-hunger-virus-090720-en.pdf ; CNN, July 22, 2020, https://www.cnn.com/2020/07/12/us/hunger-crisis-deaths-coronavirus-oxfam-trnd/index.html
[68] Views Post, June 11, 2020, https://viewspost.com/la-question-noire-aux-etats-unis/
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