Views Post indiquait dans un article du 18 juin 2020 que les problèmes d’insécurité étaient inévitables dans CHAZ (Capitol Hill Autonomous Zone) ou CHOP (Capitol Hill Organized Protest) et évoquait la survenance d’un potentiel incident grave[1] qui serait de nature à nuire à l’image des organisations soutenant le maintien de cette zone autonome dans laquelle la police de Seattle n’a plus accès. CHAZ est une zone qui a été créée le 8 juin 2020 à Seattle à la suite des échauffourées entre les manifestants et la police consécutives à la mort de George Floyd. Le 20 juin 2020, plusieurs coups de feu ont éclaté dans CHAZ et se sont soldés par la mort d’un jeune homme de 19 ans qui a succombé à ses blessures à l’hôpital et une seconde personne de 33 ans grièvement blessée. Lorsque la police s’est rapprochée de CHAZ pour y intervenir, elle a été repoussée par les occupants.[2] La non-accession de la police à la scène du crime a ainsi rendu plus difficiles les investigations. Le 21 juin 2020, un autre coup de feu est tiré à l’intérieur de la zone, laissant une personne sérieusement blessée.[3]
En outre, un journaliste, Andy Ngo, raconte dans un article avoir passé 5 jours sous couverture dans CHAZ. Il explique comment la criminalité a augmenté dans cette zone autonome occupée par des membres de Black Lives Matter et d’Antifa affirme-t-il. Ce journaliste rapporte que des groupes y circulent avec des armes, bâtons et couteaux dans un contexte où les occupants ne revendiquent pas de leadership centralisé. Il pointe du doigt quelques personnages clés qui y ont imposé leur autorité. L’un d’entre eux au nom de Simon se déplace souvent avec une arme semi-automatique et un pistolet et conduit une patrouille faisant office de police. Plusieurs ne sont pas d’accord avec lui, cependant nul n’ose le confronter. L’établissement de CHAZ a créé des tensions avec certains résidents, environ 30.000 dans cette zone qui compte des appartements et des commerces, pas loin du centre-ville. De fait, les résidents n’ont aucun mot sur l’occupation des lieux. Les immeubles sont couverts de graffitis, mentionnant Black Lives Matter, George Floyd ou des insultes contre la police. Le journaliste raconte que la police a récemment arrêté un homme coupable d’agression sexuelle à l’intérieur de CHAZ. Cette arrestation n’a été possible qu’après que l’individu soit sorti de CHAZ. Selon la police, les appels d’urgence venant de la zone autour de CHAZ auraient plus que triplé.[4]
La mort du jeune homme de 19 ans à l’intérieur de CHAZ risque malheureusement de ne pas être un cas isolé. Aucun suspect n’a pu être arrêté par les forces de l’ordre. Certaines voix qui soutenaient la création de CHAZ commenceraient à exprimer des doutes sur cette expérience. Jenny Durkan et Jay Inslee, respectivement maire de Seattle et gouverneur de l’Etat de Washington, qui ont permis l’établissement de CHAZ risquent à terme d’être mis en difficulté. Ces deux dirigeants qui appartiennent au parti démocrate se sont notamment prononcés contre l’appel du président Donald Trump, un républicain, de mettre fin à CHAZ.
Par ailleurs, l’appel de Black Lives Matter, dont les membres contrôlent CHAZ, à la suppression totale ou partielle des fonds de la police (« Defund the Police ») ou à son démantèlement semble une erreur stratégique et une position objectivement utopique voire anarchique. Le mouvement serait avisé de se concentrer sur l’appel à la réforme de la police, « Reform the Police » plutôt que « Defund the Police », tout en poursuivant la noble tâche de conscientisation sur le racisme aux Etats-Unis. Cependant, l’appel « Defund the Police » a pris une ampleur médiatique nationale et les relations entre le mouvement Black Lives Matter et le parti démocrate[5] pousseraient certains acteurs à attiser les tensions sociales et à maintenir une pression politique sur le candidat républicain dans la perspective de l’élection présidentielle du 3 novembre prochain. Du côté républicain, il est relativement certain que le gouvernement fédéral n’interviendra pas dans CHAZ avant l’élection pour éviter d’éventuels dérapages qui pourraient nuire politiquement au président. Il pourrait même être dans l’intérêt du gouvernement fédéral de se contenter de mettre les autorités locales démocrates devant leurs responsabilités, le chaos dans CHAZ pouvant se transformer en un avantage électoral pour Donald Trump.
[1] Views Post, 18 juin 2020, “Réduction du financement ou abolition de la police aux Etats-Unis : progrès ou anarchie ?”, https://viewspost.com/reduction-du-financement-ou-abolition-de-la-police-aux-etats-unis-progres-ou-anarchie/
[2] The Guardian, June 21, 2020, https://www.theguardian.com/us-news/2020/jun/21/seattle-chaz-shooting-police-free-zone
[3] Associated Press (AP), MSN, June 22, 2020, https://www.msn.com/en-us/news/crime/another-shooting-in-seattle-protest-zone-leaves-1-wounded/ar-BB15OLBH?ocid=msedgntp
[4] New York Post, June 20, 2020, https://nypost.com/2020/06/20/my-terrifying-5-day-stay-inside-seattles-autonomous-zone/
[5] Pour faire un don à “Black Lives Matter”, le site internet du mouvement renvoie au site internet de ActBlue. ActBlue est une organisation à but non lucratif qui permet aux démocrates, aux groupes progressistes et aux organisations à but non lucratif partageant ses valeurs de collecter des fonds sur Internet en leur fournissant un logiciel de collecte de fonds en ligne, https://secure.actblue.com/about. Par ailleurs, en 2016, le mouvement “Movement for Black Lives” (M4BL) a reçu le soutien de Democracy for America, une organisation qui soutient les candidats du parti démocrate, https://democracyforamerica.com/site/page/democracy-for-america-endorses-the-movement-for-black-lives-policy-platform
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