Le président Joe Biden a récemment autorisé l’Ukraine à frapper la Russie en profondeur avec des armes américaines, plus précisément avec des missiles ATACMS qui ont une portée de 300 km.[1] Cela fait plusieurs mois que cette option était examinée par les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France qui s’y était dite favorable en mai dernier. La circonstance que cette décision intervient au lendemain de la présidentielle et à deux mois de la passation de pouvoirs entre Biden et Trump n’est pas le fruit du hasard. En effet, Trump a annoncé vouloir mettre fin à la tragédie en Ukraine alors que Biden et les forces qui l’entourent ont opté pour la poursuite de la guerre dans l’objectif de vaincre la Russie dont la principale préoccupation est de sécuriser ses frontières contre des manœuvres de déstabilisation de l’OTAN antérieures au conflit.
La décision prise par Biden apparaît comme une tentative d’embraser le conflit avant l’accession au pouvoir de Trump le 20 janvier prochain. Poutine avait en effet déclaré qu’une autorisation américaine de l’utilisation des missiles de longue portée serait considérée comme un acte de guerre de l’OTAN contre la Russie. Il avait notamment précisé en septembre dernier : « Seuls les militaires des pays de l’OTAN peuvent en fait effectuer des missions de vol pour ces systèmes de missiles. Les militaires ukrainiens ne peuvent pas le faire. Il ne s’agit donc pas de permettre ou non au régime ukrainien de frapper la Russie avec ces armes. Il s’agit de décider si les pays de l’OTAN participent ou non directement au conflit militaire ».[2]
Moins de 48h après la décision de Biden, l’Ukraine a tiré pour la première fois des missiles ATACMS sur le territoire russe. Le même jour, Poutine a adopté un décret allégeant la doctrine nucléaire russe. Désormais, la Russie peut opposer une réponse nucléaire, non plus en cas de menace existentielle, mais en cas de menace critique à la souveraineté et/ou à l’intégrité territoriale du pays.[3] En outre, ce mercredi 20 novembre, le ministre américain de la Défense a indiqué que les États-Unis allaient fournir à l’Ukraine des mines antipersonnel alors que celle-ci a ratifié la Convention d’Ottawa sur l’interdiction et l’élimination des mines antipersonnel.[4] De plus, les autorités américaines ont annoncé une nouvelle aide militaire de 275 millions de dollars à l’Ukraine,[5] dans un contexte où l’OTAN mène ce mois-ci son plus grand exercice d’artillerie en Arctique, à proximité de la Russie.[6]
Le bon sens aurait pourtant voulu, une fois un nouveau président américain élu, que celui en fonction, en parfaite connaissance de la volonté des citoyens exprimée dans les urnes, s’abstînt de prendre des décisions d’une exceptionnelle gravité pour la sécurité nationale et internationale. La décision de Biden s’analyse comme un acte procédant d’une volonté de saper les efforts de paix préparés par la prochaine administration. En réalité, il est assez clair qu’en raison de la santé mentale de Biden, ce sont d’autres forces à peine voilées qui, après avoir obtenu le retrait de Biden de la course à la présidentielle et échoué à faire élire Kamala Harris, sont en train de tirer les ficelles des évènements en cours.
Par ailleurs, CNN a révélé début novembre que des responsables du Pentagone, siège du ministère de la Défense, organisaient des réunions secrètes pour planifier des mécanismes visant à contrer des ordres émanant du nouveau président américain.[7] De telles réunions d’une agence gouvernementale censée appliquer la politique définie par le chef de l’Etat scandalisent plusieurs et lèvent une partie du voile sur l’Etat Profond américain, un Etat dans l’Etat exécutant son propre agenda.
C’est également pour un changement de politique étrangère et de défense que Trump a été élu, lui qui a promis d’assécher le marigot de Washington (“drain the swamp”). La nomination récente de Tulsi Gabbard à la tête des 17 agences de la communauté du renseignement dont la CIA et le FBI, participe de cet objectif. Officier militaire et ancienne membre de la Chambre des Représentants, Tulsi Gabbard avait rallié Trump pendant la campagne présidentielle. En 2022, elle avait quitté le parti Démocrate dont elle affirmait être désormais dirigé par une « cabale élitiste de fauteurs de guerres ».[8] Il faut espérer que la nouvelle administration parvienne à maîtriser la démence du complexe militaro-industriel, de l’État profond, et à imposer une politique plus pacifique, loin des guerres et des pratiques de déstabilisation diverses et variées.
[1] Fox News, Nov. 17, 2024, www.foxnews.com/politics/biden-authorizes-ukraine-use-us-long-range-missiles-strike-inside-russia-report ; Le Figaro, 17 nov. 2024, www.lefigaro.fr/international/joe-biden-aurait-donne-son-accord-a-l-ukraine-pour-frapper-la-russie-en-profondeur-avec-des-armes-americaines-20241117
[2] Fox News, Nov. 17, 2024, www.foxnews.com/politics/biden-authorizes-ukraine-use-us-long-range-missiles-strike-inside-russia-report ; Compte X, E.N., Nov. 18, 2024, https://x.com/eric_naish/status/1858431013258514807
[3] New York Post, Nov. 19, 2024, https://nypost.com/2024/11/19/world-news/putin-issues-warning-to-united-states-with-new-nuclear-doctrine/
[4] CNN, Nov. 19, 2024, www.cnn.com/2024/11/19/politics/biden-administration-anti-personnel-mines-ukraine/index.html ; TF1 Info, 20 nov. 2024, https://www.tf1info.fr/international/guerre-ukraine-russie-des-mines-antipersonnel-fournies-a-kiev-une-decision-americaine-controversee-2335194.html
[5] US Department of Defense, Nov. 20, 2024, www.defense.gov/News/Releases/Release/Article/3972421/biden-administration-announces-additional-security-assistance-for-ukraine/
[6] La Presse, Nov. 20, 2024, www.lapresse.ca/international/2024-11-19/l-otan-mene-son-plus-grand-exercice-d-artillerie-en-arctique-a-proximite-de-la-russie.php
[7] CNN, Nov. 08, 2024, https://amp.cnn.com/cnn/2024/11/08/politics/pentagon-officials-discussing-trump
[8] Compte X, Tulsi Gabbard, Oct. 11, 2022, https://x.com/tulsigabbard/status/1579788950696185859
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