Après 30 ans au pouvoir, comme Vice-Président du Rwanda, fonction qu’il exerça conjointement avec un portefeuille de ministre de la Défense, de 1994 à 2000, puis Président depuis 2000, Kagame a été déclaré élu pour un 4e mandat présidentiel.[1]
Ne pouvant plus se représenter à la présidentielle à l’expiration de son mandat en 2017, une modification constitutionnelle de 2015 avait permis à Kagame d’être de nouveau candidat à deux mandats supplémentaires de 5 ans, mais après un septennat dit transitoire de 2017 à 2024.
Grace à cette réforme constitutionnelle, Kagame pourrait donc se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034, ce qui totaliserait un règne de 40 ans. Mais d’ici à 10 ans, rien n’interdit un nouveau tripatouillage de la constitution.
Les résultats électoraux de Kagame ont toujours été surprenants pour ne pas dire non convaincants. Lors de la présidentielle de 2003, il a remporté 95,05% des voix. En 2010, il a réuni 93,08% des votes. En 2017, il a raflé 98,79% des suffrages, puis en 2024, 99,15%. A quand un 100% ?
De même, les élections ont toujours été organisées dans des conditions contestables. Lors de la présidentielle de 2003, Faustin Twagiramungu, un des deux candidats opposés à Kagame, avait dû se présenter en indépendant, son parti politique ayant été interdit. Après l’élection, il quitta immédiatement le pays craignant une arrestation.
En 2010, la candidature d’une opposante, Victoire Ingabire, fut écartée. Kagame se présenta face à 3 candidats, des anciens soutiens de 2003 qualifiés par plusieurs observateurs de candidats de façade.
En 2017, la candidature d’une autre opposante, Diagne Rwigara, fut écartée. Cette dernière subira la même année un procès pour incitation à l’insurrection au même titre que sa mère. Elles seront toutefois acquittées en 2018. Deux seuls candidats se présentèrent contre Kagame : Philippe Mpayimana et Frank Habineza.
En 2024, les candidatures des deux opposantes précitées, Victoire Ingabire et Diagne Rwigara, sont de nouveau écartées. Idem pour la candidature de l’avocat Bernard Ntaganda. Deux seuls candidats sont autorisés à se présenter contre Kagame, Mpayimana et Habineza, les mêmes qu’en 2017.
Si ses résultats socio-économiques sont généralement salués, Kagame est en revanche critiqué par le climat d’intimidation et de terreur instauré contre ses opposants à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, par des arrestations arbitraires et même des assassinats politiques.
Quel que soit le rayonnement chanté ou vanté du Rwanda aujourd’hui, il y a une chose que la postérité (africaine) aura du mal à pardonner à Kagame : sa responsabilité majeure dans la crise à l’est de la RDC, une guerre à l’odeur de minerais qui dure depuis 26 ans, avec son lot lugubre de 6 millions de morts et d’autres crimes aussi abominables qu’innommables, sans doute la plus grande barbarie moderne sur le continent en cours devant tous.
[1] Kigali Today, July 15, 2024, https://youtu.be/BrV9rCuU5Dc?si=dfpxB948dmg6LTwO
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