CHRONIQUES D’ACTUALITÉ #19 : BIDEN ET LA QUESTION RACIALE DANS LA CONQUÊTE DU POUVOIR

Joe Biden se retrouve sous le feu des critiques après avoir affirmé ce 6 août que contrairement à la communauté afro-américaine, la communauté hispanique était diverse, sous-entendant que les Noirs américains avaient une même opinion politique. En mai dernier, Biden avait déjà affirmé à un Noir américain qui l’interviewait : « Si tu as un souci pour déterminer si tu dois voter pour moi ou pour Trump, c’est que tu n’es pas Noir ». Biden s’excusera plus tard pour cette erreur politique.[1] Le point commun de ces deux déclarations de Biden, c’est de considérer le vote noir pour acquis.

Fin juillet, la sénatrice Noire américaine Kamala Harris perdait son statut de favorite pour le poste de vice-présidente auprès de Joe Biden. L’équipe de Biden reprochait alors à Kamala Harris de ne pas avoir exprimé de regret pour avoir déclaré, lors du premier débat des primaires démocrates, que Biden avait étroitement collaboré avec des sénateurs ségrégationnistes dans les années 1970.[2] Cette réaction de l’équipe de Biden n’en constituait pas moins une médiatisation contre-productive d’une zone d’ombre du passé politique du candidat démocrate.

Début août, deux autres candidates Noires américaines qui étaient avec Kamala Harris dans le trio de tête pour devenir colistière de Biden, ont fait l’objet de critiques dans la presse. Ainsi, Susan Rice, ancienne conseillère à la sécurité nationale de Barak Obama, a été critiquée par des associations de défense de l’environnement pour ses investissements financiers dans le projet de l’oléoduc Keystone XL, un projet remis en cause par certains démocrates et contraire au plan de lutte contre le changement climatique présenté par Biden lui-même.[3]

De son côté, la représentante Karen Bass s’est vue rappeler d’anciens propos élogieux sur Fidel Castro qui avaient alors heurté des démocrates de la Floride, l’Etat où est installée la communauté cubaine la plus importante des Etats-Unis.[4] Au milieu des années 1970, Karen Bass était une organisatrice du groupe procubain Venceremos brigade et avait à ce titre visité Cuba à huit reprises.[5] Toujours active, Venceremos Brigade est une organisation politique qui formait des jeunes à la révolution cubaine. Les membres américains étaient utilisés par des services d’intelligence cubains pour récolter des informations sur certains citoyens américains, avec un accent particulier mis sur le Sénat américain et avec un certain succès.[6] Il faut rappeler que des relations étroites avaient historiquement existé entre les mouvements communistes et certains acteurs des communautés Noires américaines.[7] Au regard des nombreux liens entre Black Lives Matter et les mouvements radicaux de gauche[8], le choix de Karen Bass par Biden constituerait sans doute une victoire pour ces mouvements.


[1] CBS, May 23, 2020, https://www.youtube.com/watch?v=0QrYHO0BJJ8&fbclid=IwAR3tDVYYNqOqLrohry-SGA9YPQ8fZ9MaoxBuVtT0VTSm32F1kYXS-0eWCDA

[2] Views Post, August 1, 2020, https://viewspost.com/chroniques-dactualite-16-remise-en-cause-de-la-candidature-de-kamala-harris-au-poste-de-vice-presidente-pour-joe-biden/

[3] Politico, August 7, 2020, https://www.msn.com/en-us/news/politics/progressives-alarmed-by-rice-s-vast-financial-investments/ar-BB17FWOC?ocid=msedgntp

[4] Fox News, August 2, 2020, https://www.foxnews.com/politics/karen-bass-on-biden-vp-shortlist-scrambles-cuba-history-scientology

[5] Tablet, July 27, 2020, https://www.tabletmag.com/sections/news/articles/karen-bass-biden-venceremos-brigade?fbclid=IwAR3-eWbP4KUwr8rK2Fq6oMN4J51Md9NNZZD6V2VPxRab_ChSCF2QCvZAjW0

[6] US Senate, February 26, 1982, http://www.latinamericanstudies.org/terrorism/role1.htm

[7] Dans son ouvrage « Color, Communism et Common Sense » publié en 1958, Manning Johnson, un Afro-américain ayant gravi les plus grands échelons du mouvement communiste avant de le quitter, explique comment les services étrangers communistes avaient ciblé et infiltré la communauté noire aux Etats-Unis dans le but de monter en épingle la question raciale et de l’utiliser à des fins de déstabilisation du gouvernement américain. Il raconte comment il avait été entrainé à organiser des manifestations, à inciter la foule à la violence et à semer la peur au sein de la population. http://manningjohnson.org/

[8] Views Post, June 29, 2020,  https://viewspost.com/black-lives-matter-et-positionnement-politique/

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