Deux députées européennes de la France Insoumise (LFI), Manon Aubry et Leïla Chaibi, ont voté le 23 juin dernier pour la prolongation du pass sanitaire au parlement européen, un vote qui a surpris pour celles qui se sont toujours exprimées contre le pass. Les deux eurodéputées ont ensuite affirmé qu’elles s’étaient trompées et qu’elles avaient corrigé leur vote.[1] Seulement, la correction du vote n’est que symbolique au parlement européen. Le vote initial reste donc valide. Le fondateur de la LFI, Jean-Luc Mélenchon, s’était lui-même distingué par 266 erreurs de vote au parlement européen.[2]
De son côté, le Rassemblement National (RN) a retiré son candidat au profit de Yaël Braun-Pivet, députée membre de la LREM au pouvoir et ancienne ministre des Outre-mer, devenue présidente de l’Assemblée nationale. Deux jours après, les députés de la LREM ont voté pour les candidats du RN Sébastien Chenu et Hélène Laporte, désormais deux des six vice-présidents que compte l’Assemblée nationale, une première historique.[3] Un constat d’importance s’impose : le front républicain destiné à faire barrage à l’extrême-droite est officiellement mort. Les électeurs qui ont voté Macron au second tour de l’élection présidentielle pour faire barrage à Marine Le Pen apprécieront.
Les résultats positifs obtenus par la LFI (NUPES) et le RN aux législatives et la perte consécutive de la majorité absolue par la LREM constituent une respiration démocratique au regard d’une Assemblée nationale qui était devenue une caisse d’enregistrement du gouvernement. Cependant, des questions se posent sur l’action parlementaire de la LFI et du RN. Les deux principaux partis d’opposition se distingueront-ils véritablement par la défense des intérêts de la France ? Seront-ils une opposition de façade qui fera défection lors des votes sur des sujets fondamentaux comme le pass sanitaire, les libertés publiques, la souveraineté nationale ou encore l’Union Européenne ?
Incohérence politique ou marchandage politique, il est probable que les français qui se sont abstenus lors de la présidentielle (entre 25,4 et 28%) et des législatives (entre 52,4 et 53,7%) soient confortés dans leur rejet de la classe politique. D’une certaine manière, l’occasion est donnée à l’opposition politique de tenter de donner des motifs d’espérance au peuple et de redorer tant soit peu le blason du pays. La trahison des électeurs de la LFI et du RN risquerait de faire sombrer la France dans une situation sociale encore plus explosive.
[1] Manon Aubry, Twitter, June 23, 2022, https://twitter.com/manonaubryfr/status/1539991226732126210 ; Leïla Chaibi, Twitter, June 23, 2022, https://twitter.com/leilachaibi/status/1539996991761129472
[2] TF1, 1er avril 2019, www.tf1info.fr/politique/parlement-europeen-pourquoi-autant-d-erreurs-dans-le-vote-des-deputes-2117121.html
[3] France 3, 30 juin 2022, https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/lot-et-garonne/agen/assemblee-nationale-helene-laporte-decroche-la-vice-presidence-2573204.html
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