CHRONIQUES D’ACTUALITÉ #153 – QUELLE GESTION DU CONFLIT EN UKRAINE ?

Au-delà de certains responsables politiques qui semblent se résoudre dans un rôle de marionnettes, deux principales idées se confrontent dans les hautes sphères sur la guerre en Ukraine. Ces idées sont incarnées par deux nonagénaires très influents qui se sont exprimés au Forum Économique Mondial (Davos) la semaine dernière : Henry Kissinger et George Soros.[1]

Ancien secrétaire d’État américain (ministre des affaires étrangères), Henry Kissinger s’est prononcé contre la volonté de vaincre ou de marginaliser la Russie, appelant l’Ukraine à accepter les pertes territoriales de 2014 (la Crimée) pour mettre fin à la guerre. Malgré son implication présumée dans des crimes de guerre dans plusieurs pays dont le Vietnam, le Bangladesh ou encore le Chili[2], Henry Kissinger, fin connaisseur de la politique internationale, est plutôt raisonnable dans sa position.

Intervenant quelques heures après Henry Kissinger, George Soros a, quant à lui, déclaré que la victoire dans la guerre contre la Russie était nécessaire pour « sauver la civilisation ». Il a exhorté l’Occident à fournir à l’Ukraine tout ce dont elle a besoin pour gagner cette guerre. Selon lui, l’invasion de l’Ukraine par la Russie pourrait déboucher sur une 3e guerre mondiale, mais il en déduit paradoxalement que le meilleur moyen de préserver la civilisation est de vaincre Poutine.[3]

Cet argument du milliardaire qui fit sauter la Banque d’Angleterre[4] et qui fut autrefois invité par Hillary Clinton à s’impliquer dans le processus électoral[5], semble contradictoire et erroné. La solution pour éviter une 3e guerre mondiale ne peut pas résider dans la poursuite de la guerre avec la première puissance nucléaire qui ne peut pas être vaincue par définition. C’est agir ainsi qui risque précisément de précipiter le monde dans un conflit nucléaire. Loin s’en faut, la solution réside dans une diplomatie active, une approche non-belliqueuse et dans la cessation des hostilités. 

La voie préconisée par George Soros est pourtant celle qui est suivie par nombre de dirigeants occidentaux. Moins d’une semaine seulement après la fin du sommet de Davos, le président Biden a annoncé l’envoi en Ukraine des systèmes de missiles plus avancés.[6] De leur côté, les pays de l’Union européenne ont adopté un 6e paquet des sanctions contre Moscou[7], sanctions inefficaces à ce jour, mais surtout contre-productives tant en termes d’apaisement des tensions que de protection des intérêts européens.


[1] Wall Street Journal, 25 May 2022, www.wsj.com/amp/articles/dueling-approaches-to-world-order-war-ukraine-putin-russia-china-davos-kissinger-soros-foreign-policy-peace-11653509537 

[2] The Harvard Crimson, 31 January 2017, www.thecrimson.com/article/2017/1/31/galant-welcoming-war-crimes/

[3] Reuters, 24 May 2022, www.reuters.com/world/davos-soros-says-ukraine-may-be-start-world-war-three-2022-05-24/  ; CNBC, 24 May 2022, www.cnbc.com/amp/2022/05/24/george-soros-says-civilization-may-not-survive-russias-invasion-of-ukraine.html

[4] Le Monde, 17 septembre 2012, www.lemonde.fr/economie/article/2012/09/17/1992-george-soros-fait-sauter-la-banque-d-angleterre_1761289_3234.html

[5] https://youtu.be/IJ_kyCZRprY

[6] Fox News, 31 May 2022, www.foxnews.com/world/biden-approves-advanced-rocket-systems-ukraine-expert ; Le Journal de Québec, 31 mai 2022, www.journaldequebec.com/2022/05/31/washington-va-fournir-a-lukraine-des-systemes-de-missiles-plus-avances

[7] Toute l’Europe, 1er juin 2022, www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/conseil-europeen-les-27-renforcent-le-soutien-a-l-ukraine-et-accentuent-les-sanctions-contre-la-russie/

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