Facebook a récemment décidé d’autoriser de façon exceptionnelle sur ses plateformes les appels au meurtre contre les présidents russe Poutine et biélorusse Lukashenko, ainsi qu’à la violence contre les russes.[1] Fin février, Facebook était déjà revenu sur une interdiction en autorisant la glorification du bataillon d’Azov, un groupe militaire néo-nazi ukrainien et anti-russe formé depuis quelques années par l’armée canadienne.[2] Le 8 mars dernier, c’est la chaîne française LCI qui a eu l’indécence de présenter une émission sur les moyens d’éliminer physiquement Poutine.[3]
Les médias sociaux ou traditionnels font preuve d’un manichéisme inquiétant. Ils ne se sont pas mobilisés contre le bombardement de l’Irak par les États-Unis en 2003 (près d’1 million de morts), le bombardement de l’OTAN en Libye en 2011 (suivi d’une saisie d’armes du pays par les terroristes, une menace pour la sécurité de plusieurs États africains) ou encore le bombardement de l’OTAN en Yougoslavie en 1999 (480 sorties aériennes en moyenne par jour pendant 78 jours, une humiliation pour les russes). Ces médias sont silencieux sur le bombardement actuel du Yémen par l’Arabie Saoudite (11 sorties aériennes par jour de 2015 à 2020 et 18.413 civils morts ou blessés au début de 2020)[4] ou encore sur les massacres en RDC.
Nonobstant cette histoire récente, on assiste à une radicalisation et à une banalisation des opinions et positions guerrières voire criminelles, comme si la diplomatie et la justice internationale n’avaient jamais existé comme modes de règlement des conflits, comme si l’on était obligé de descendre aussi bas que son adversaire, comme si l’on pouvait attaquer la première puissance nucléaire qu’est la Russie sans menacer la paix mondiale et la survie de l’humanité, tout ceci au motif que l’Ukraine doit rentrer dans l’OTAN.
Après la violation des principes éthiques pour des raisons de sécurité publique (terrorisme légitimant le fameux choc des civilisations), de santé publique (Covid-19 et l’exclusion sociale des non-vaccinés), de guerre (crise ukrainienne et la haine contre les russes sans discernement) et bientôt d’environnement (écologie punitive : la moitié des voitures interdites de circuler en France dans 2 ans, le confinement en raison de la pollution ou la censure naissante des opinions climato-sceptiques sur YouTube et Google)[5], il est légitime de se demander comment les pays occidentaux peuvent-il encore se targuer d’être des pays civilisés.
[1] Reuters, March 10, 2022, www.reuters.com/world/europe/exclusive-facebook-instagram-temporarily-allow-calls-violence-against-russians-2022-03-10/
[2] The Intercept, February 24, 2022, https://theintercept.com/2022/02/24/ukraine-facebook-azov-battalion-russia/ ; Ottawa Citizen, November 8, 2021, https://ottawacitizen.com/news/national/defence-watch/canadian-officials-who-met-with-ukrainian-unit-linked-to-neo-nazis-feared-exposure-by-news-media-documents
[3] LCI, 8 mars 2022, https://youtu.be/bPF2C-Ozflg
[4] Human Rights Watch, 2021, www.hrw.org/world-report/2021/country-chapters/yemen , https://us16.campaign-archive.com/?u=1912a1b11cab332fa977d3a6a&id=e0562bce18
[5] BFM TV, 10 avril 2021, www.bfmtv.com/auto/pourquoi-des-millions-de-voitures-ne-pourront-bientot-plus-rouler-dans-les-grandes-villes_AN-202104100175.html ; Sud Radio, 12 septembre 2021, https://youtu.be/y1Ft_O7i7ws ; Vie publique, 24 août 2021, www.vie-publique.fr/loi/278460-loi-22-aout-2021-climat-et-resilience-convention-citoyenne-climat ; NPR, November 15, 2021, www.npr.org/2021/11/15/1055849927/india-air-pollution-new-delhi-city-wide-lockdown ; C&EN, January 27, 2022, https://cen.acs.org/environment/pollution/COVID-19-lockdowns-prevented-pollution/100/i4 ; USA Today, October 8, 2021, www.usatoday.com/story/tech/news/2021/10/08/google-youtube-ban-ads-denying-climate-change/6048702001/
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