La chaîne CNews a été épinglée, jeudi dernier, par la Commission des sondages pour une représentation trompeuse des intentions de vote en faveur de Éric Zemmour dans le cadre de la prochaine élection présidentielle. L’infographie présentée totalisait notamment 106%, au lieu de 100%, des intentions de vote.[1] Par ailleurs, selon le journal Marianne, l’Elysée compte sur un second tour entre le président Macron et le polémiste Zemmour pour gagner la présidentielle.[2]
À l’approche de l’élection présidentielle en France, les médias redécouvrent et amplifient très souvent les problèmes d’insécurité pour les oublier une fois l’élection passée, comme si l’insécurité augmentait le temps de l’échéance électorale et baissait immédiatement après. Cette stratégie médiatique est la suivante : avant le premier tour de la présidentielle, faire monter l’extrême-droite par une médiatisation accrue des thématiques d’insécurité et d’immigration pour lui permettre éventuellement d’accéder au second tour ; et après le premier tour, assurer une diabolisation de la même extrême-droite pour des raisons morales, en vérité fondées, pour lui faire perdre l’élection, l’objectif final étant de garantir la victoire au candidat du système.
Dans le cadre de cette élection, à défaut de la candidate du Front National devenu Rassemblement National, le dévolu semble avoir été jeté sur Éric Zemmour, un homme résolument à l’extrême droite qui semble même parfois plus extrême que Marine Lepen. Sans parti politique, sans programme présidentiel, sans une déclaration officielle de candidature et avec une condamnation judiciaire pour provocation à la haine raciale, Zemmour bénéficie cependant d’une large couverture médiatique. Des sondages à prendre avec circonspection le donnent désormais au second tour avec Macron.[3] On assiste en outre à une forme d’”ovnisation” de candidatures à la présidentielle, caractérisée par l’hypermédiatisation d’une personnalité inattendue et sans appareil politique ancré dans la société (OVNI politique). Ce phénomène a profité à Macron et a très largement contribué à sa victoire en 2017. Il semble désormais provisoirement profiter à Zemmour, mais en vérité, au grand bénéfice de Macron.
Enfin, il y a un point commun important entre Macron et Zemmour, révélé par le Canard enchaîné : Pierre Donnersberg, courtier d’assurances et fondateur du groupe Siaci Saint Honoré, une société dont l’un des actionnaires est la Compagnie financière Edmond de Rothschild.[4] Le courtier est allé à la rescousse du candidat Macron, alors dans une impasse financière en 2017 et à la tête d’un nouveau parti politique. Il a récemment été consulté par le candidat Zemmour pour les mêmes raisons. Le même homme a également été consulté par le candidat Arnaud Montebourg sorti de sa retraite politique anticipée et sans parti politique.
[1] Le Monde, 30 octobre 2021, www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2021/10/30/eric-zemmour-favorise-dans-un-sondage-errone-presente-par-la-chaine-cnews_6100460_3236.html
[2] Marianne, 30 octobre 2021, www.marianne.net/politique/lrem/les-indiscretions-de-marianne-lelysee-compte-sur-un-barrage-anti-zemmour
[3] Le Point, 27 octobre 2021, www.lepoint.fr/politique/presidentielle-2022-eric-zemmour-a-nouveau-donne-au-second-tour-selon-un-sondage-27-10-2021-2449604_20.php
[4] L’Argus de l’assurance, 26 avril 2018, https://www.argusdelassurance.com/a-la-une/pierre-donnersberg-je-ne-veux-pas-vendre-siaci-saint-honore-a-un-industriel-du-secteur.128926 ; Rothschild&Co, www.rothschildandco.com/en/what-we-do/merchant-banking/multi-strategies/co-investments/siaci-saint-honore/
© 2020 viewspost.com All Rights Reserved